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TRENTE-HUITIÈME AVENTURE.

c’est par vous que le bruit s’est répandu de la foiblesse d’Hersent à votre endroit. Vous êtes un insigne menteur. Quelle apparence, en effet, quand elle vient offrir aujourd’hui de se justifier, par l’épreuve du fer chaud ou de l’eau bouillante ! »

Hersent l’écouta avec une agréable surprise, mais se garda d’ajouter un mot. Chacun alors de dauber à qui mieux mieux sur Renart ; c’est ainsi qu’on agit à l’égard de ceux dont la cause est desesperée ; le seul Grimbert, en ami fidèle, soutint contre tous les intérêts de son cousin. Il s’avance devant le Roi, abaisse son chaperon sur ses épaules et relevant son manteau : « Je demande, » dit-il, « un moment de silence. Sire, veuillez en gentil et bon prince appaiser la querelle de vos deux barons, et recevoir à merci damp Renart. Permettez-moi de le conduire ici ; vous entendrez ses réponses, et si votre cour le condamne, vous fixerez l’amende qu’il devra subir ; il y satisfera. Que s’il a négligé de venir en cour et s’il n’a pas justifié son absence, vous pourrez lui adresser une réprimande sevère et l’obliger à une double composition. »

Le Connil ou lapin honora ce discours et celui de Bernart l’archiprêtre de son approbation. « Par saint Amant ! » dit-il, messire Grimbert a sagement parlé. Si damp Renart