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SECONDE CLAMEUR D’YSENGRIN.

étoit contraint de quitter la terre sans être entendu, la justice en seroit blessée. Que Renart soit donc mandé ; je m’en rapporte à lui du soin de sa justification. Mais s’il a réellement mérité quelques reproches à l’égard de dame Hersent, soit en dits soit en faits, il en conviendra plutôt que de se rendre parjure. Ainsi je me porte volontiers pour le garant de dame Hersent avec Bernart, le prudent archiprêtre. Je laisse la parole à d’autres, et je me tais. »

La Cour après tous ces débats conclut en ces termes : « Sire, plaise à vous, dans le cas où Renart, sommé de comparoître, ne se présenteroit pas et ne fourniroit aucune excuse, ordonner qu’il soit ici traîné de force, pour y entendre la sentence qu’il conviendra de prononcer. »

« Barons, » dit le roi Noble, « vous méprenez, en voulant porter un jugement contre Renart. Vous donnez à ronger un os qui plus tart, le cas échéant, vous brisera les dents. Songez-y bien, autant vous en pend à l’œil. J’ai grand sujet de me plaindre de Renart, mais je n’entends pas le perdre s’il consent à reconnoitre ses torts. Croyez-moi donc, Ysengrin, consentez à l’épreuve que votre femme réclame ; ou bien, à votre défaut, je prendrai sur moi de l’ordonner.