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TRENTE-HUITIÈME AVENTURE.

« — Ah ! sire, » repartit vivement Ysengrin, « n’en faites rien, je vous prie. Car enfin si cette épreuve demandée par Hersent lui devient funeste, si l’eau bouillante ou le feu l’atteignent, tous le sauront, ceux mêmes qui l’ignorent encore, et mes ennemis s’en réjouiront. Ils diront en me voyant : le voilà le jaloux, celui que sa femme a trompé. J’aime mieux retirer ma plainte et me faire justice moi-même. Viennent les vendanges, et je compte bien donner une chasse à Renart dont serrure ou clef, muraille ou fossé ne sauront le défendre.

« — C’est donc le diable, maintenant ! » repartit le roi Noble avec indignation, « et votre guerre ne prendra-t-elle jamais fin ! Par la corbleu ! vous comptez en vain avoir le dernier avec Renart ; il en sait plus que vous, et vous avez plus à craindre de ses tours que lui des vôtres. D’ailleurs, le pays est en repos, la paix est jurée ; malheur à qui s’avisera d’y porter atteinte ! »