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LA CHASSE AU SANGLIER.

C’est maintenant au Veneur à faire son devoir. Il prend un long couteau dont la poignée étoit d’argent, ouvre le sanglier, fait sa toilette, donne les intestins et le poumon aux levriers d’abord, puis au reste de la meute ; sans oublier un seul chien, tous ayant bien fait leur devoir. La curée dévorée, le Chevalier monte et après lui tous les autres. On trousse le sanglier sur un fort roncin, la troupe fait bonne escorte jusqu’au château dont le pont se relève ; les portes se referment dès qu’ils sont rentrés.

Le Chevalier vint se reposer dans la grande salle. Cependant, le Veneur faisoit étendre le sanglier devant les fenêtres. On dispose un grand amas de paille sur laquelle on couche l’énorme bête : on allume, et quand la noire coine a pris la nuance de rouge doré qu’on lui vouloit donner, on le porte devant Madame Florie. Ne demandez pas si l’on se récria sur la grandeur de la hure et la longueur des défenses. Mais les tables sont dressées, les écuyers apportent les bassins pleins d’eau qu’ils présentèrent à la dame, au Chevalier, à tous les autres, et l’on prit place au manger.