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RENART SOUS LES PEAUX.

château s’ouvroit : on décharge les chariots en grande hâte, car la nuit approchoit : le Chevalier rentre dans la grande salle et s’assied dans le faudesteuil, sous un riche dais. Puis il se lève à l’approche des hommes d’armes, qui venant s’incliner devant lui : « Sire, » disent-ils, « Dieu vous accorde bonne nuit ! » Le Chevalier rend courtoisement le salut et conduit à table tous les nouveaux arrivés. Quand le repas fut terminé, le Chevalier donne en se levant le signal de la retraite ; les étrangers sont conduits dans les chambres où ils doivent reposer, et le lendemain matin ils sont réveillés par la gaite ou sentinelle qui du haut des créneaux corne le jour. Le Chevalier levé, chaussé, vêtu, se rend avec Madame Florie au moutier pour y entendre la messe de Notre Dame, et dès que l’office est achevé, il fait seller les chevaux pour aller au-devant de son père ; mais avant de s’éloigner il a soin de donner des ordres pour que tout concoure à la bonne réception qu’il prétend faire à ceux qui vont arriver.

Ils n’avoient pas marché une demie lieue sur le chemin ferré qu’ils entendirent le bruit joyeux d’une compagnie à cheval. C’est d’abord un grouppe de quatre valets de pied tenant en main la laisse d’un brachet ou d’un levrier. Le Chevalier passe outre jusqu’à son noble père qu’il accole tendrement. Il n’y a fête qu’il ne