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CINQUANTIÈME-QUATRIÈME AVENTURE.

hou : si j’ai fait pour toi quelque chose, tu « me l’as rendu aux cents doubles. Au revoir ! et sois mille fois à Dieu recommandé ! »

Drouineau avoit encore un désir, c’étoit d’arriver auprès de Renart et de l’assister à son heure suprême ; il tenoit beaucoup à l’entretenir une dernière fois. Il vole, il arrive : « Eh ! vous voilà, damp Renart ! comment vous trouvez-vous ? Eh ! qu’avez-vous donc fait de tout votre esprit, pour vous être laissé si mal atourner ? N’est-ce pas un large trou que j’appercois dans votre pelisse ? oui ; puis un autre, trois, quatre, dix : oh ! que de pièces il vous faudra recoudre ! et si l’hyver est dur, vous mourrez de froid, j’en ai peur, à moins que la très-honnête dame Hersent ne consente à vous réchauffer. » Renart pouvoit l’entendre, mais n’avoit ni la force ni la volonté de répondre. Drouineau, après avoir entonné un joyeux chant de triomphe, partit satisfait, sans prendre congé de son ennemi. Pour Renart il demeura plus d’une saison entre les mains des meilleurs médecins, avant de pouvoir sortir de Maupertuis et continuer le cours de ses exploits.