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LES SERMENS DONNÉS ET DÉMENTIS.

seroit-il pas sage et judicieux de faire une dernière tentative d’accommodement entre les deux champions ? — Nous le croyons comme vous, » répondent Baucent et les deux autres. Ils se rendent aussitôt chez le Roi : « Sire, nous sommes tombés d’accord, sauf votre honneur ou vos sujets particuliers de plainte, et il est à desirer que les deux barons, messire Ysengrin et damp Renart, soient amenés à conciliation. »

Le Roi n’avoit rien plus à cœur ; aussi, bien loin de les contredire : « Allez-en donc parler d’abord à Ysengrin ; c’est de lui que tout dépend : pour moi, je ne puis que maintenir son droit, et vous laisser le soin du reste. »

Brichemer se rend, le col tendu, chez Ysengrin, et le prenant à l’écart : « Le Roi, » dit-il, « est mécontent de vous savoir contraire à toute tentative d’arrangement. En ami véritable, je vous engage à prendre de meilleurs sentimens ; recevez Renart à composition : le Roi et tous les barons vous le demandent. — Vous perdez votre françois, » répond Ysengrin, « et que je sois mis en charbon, si je m’accorde jamais avec le traître, si je ne l’empêche de plus honnir et deshonorer son compère et sa commère. Je verrai si l’on déniera mon droit. — Recevoir l’offenseur à composition, » dit Brichemer, « ce n’est pas