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CINQUANTIÈME-HUITIÈME AVENTURE.

dénier le droit de l’offensé. Je voulois vous empêcher de pousser les choses à l’extrême et je voulois ôter entre vous tout motif de ressentimens ; vous ne le voulez pas, j’en ai regret. — Bien ! damp Brichemer, » répond Ysengrin, « allez dire au Roi qu’il peut me tenir pour ivre si je laisse le vilain roux sortir du champ sain et sauf ; la paix ne peut se faire que dans le champ, la bataille est nécessaire, et nul, encore un coup, ne peut me dénier mon droit. »

Brichemer retourné vers le Roi : « Sire, nous n’avons rien obtenu ; la bataille est inévitable. Ainsi, pour maintenir le droit, il faut ouvrir les lices et laisser attaquer et défendre du mieux qu’ils pourront. — Puisqu’il est ainsi, » répond Noble, « je prens à témoin saint Richer qu’ils auront la bataille et que je ne les en dispenserois pour tout l’or que le plus riche des deux pourroit m’offrir. Sénéchal, livrez le champ ! »

L’ordre du Roi fut aussitôt exécuté. Ysengrin et Renart sont conduits à l’ouverture des barrières, se tenant par la main. Un chapelain paroit, c’est le sage et discret Belin : il tient devant lui le sanctuaire sur lequel les deux champions prononceront le serment. Et pendant que damp Brichemer en règle la formule, on proclame le ban du Roi, que nul ne