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CINQUANTIÈME-HUITIÈME AVENTURE.

ses paumes ; il prend son écu, fait à la foule un gracieux salut, et avertit Renart de bien se tenir.


CINQUANTE-NEUVIÈME AVENTURE.

Du grand et mémorable combat de damp Renart et de messire Ysengrin ; et comment le jugement de Dieu donna gain de cause à qui avoit le meilleur droit.



Renart ne se vit pas en face d’Ysengrin sans inquiétude. Il avoit bien été mis aux lettres, il savoit même assez de nigromancie ; mais au moment de dire les mots qui servent pour les combats singuliers, il les avoit oubliés. Cependant, persuadé que l’escrime avoit une vertu suffisante, il empoigne son bâton, le fait deux ou trois fois brandir, tourne la courroie sur son avant-bras, embrasse son cou et paroit aussi ferme qu’un château défendu par de hautes murailles. Voyons maintenant ce qu’il saura faire.

Ysengrin attaque le premier : c’étoit le droit de l’offensé. Renart s’incline et le reçoit, l’écu sur la tête. Ysengrin frappoit et injurioit en même temps : « Méchant nain ! que je sois pendu si je ne venge ici ma femme épousée !