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RENART ET NOIRET.

débarrasse-moi de ton odieux filet. » Le vilain obéit. Renart est redevenu libre. « Puisque tu es désormais tenu de faire mon bon vouloir, je vais sur-le-champ te mettre à l’épreuve. Tu sais ce beau Noiret que j’ai guetté toute la journée, il faut que tu me l’apportes ; je mets à ce prix mon amitié pour toi et ton affranchissement de l’hommage que tu as prononcé. — Ah ! monseigneur, » répondit Berton, « pourquoi ne demandez-vous pas mieux  ? Mon coq est dur et coriace, il a plus de deux ans. Je vous propose en échange trois tendres poulets, dont les chairs et les os seront assurément moins indignes de vous. — Non, » bel ami, reprend Renart, « je n’ai cure de tes poulets ; garde-les et vas me chercher le coq. » Le vilain gémit, ne répondit pas, s’éloigna, courut à Noiret, le chassa, l’atteignit, et le ramenant devant Renart :

« Voilà, sire, le Noiret que vous désirez : mais, par saint Mandé, je vous aurois donné plus volontiers mes deux meilleurs chapons. J’aimois beaucoup Noiret : il n’y eut jamais coq plus empressé, plus vigilant auprès de mes gelines ; en revanche, il en étoit vivement chéri. Mais vous l’avez voulu, monseigneur, je vous le présente. — C’est bien, Berton, je suis content, et pour le prouver, je te tiens quitte de ton hommage. — Grand