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HUITIÈME AVENTURE.

aussi peu genereux que le sien ; et la porte etant fermée, il demeura quelque temps à lécher ses barbes, en étouffant ses cris de convoitise. Puis il grimpe à la hauteur d’une fenêtre, et ce qu’il y voit confirme ses premières découvertes. Maintenant, comment pénétrer dans ce lieu de délices ? comment décider Renart à défermer sa porte ? Il s’accroupit, se relève, tourne et retourne, baille à se demettre la mâchoire, regarde encore, essaie de fermer les yeux ; mais les yeux reviennent d’eux-mêmes plonger dans la salle qui lui est interdite : « Voyons pourtant, » dit-il, « essayons de l’émouvoir : Eh ! compère ! beau neveu Renart ! Je vous apporte bonnes nouvelles ! j’ai hâte de vous les dire. Ouvrez-moi. »

Renart reconnut aisément la voix de son oncle, et n’en fut que mieux résolu de faire la sourde oreille. « Ouvrez donc, beau sire ! » disoit Ysengrin. « Ne voulez-vous pas prendre votre part du bonheur commun ? » À la fin, Renart, qui avoit son idée, prit le parti de répondre au visiteur.

« Qui êtes-vous, là-haut ?

— Je suis moi.

— Qui vous ?

— Votre compère.

— Ah ! je vous prenois pour un larron.

— Quelle méprise ! c’est moi ; ouvrez.