Page:Les filles de Loth et autres poèmes érotiques, 1933.djvu/187

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À peine fûmes-nous arrivés dans ma chambre,
Elle ouvrit ma culotte et caressa mon membre,
Puis se déshabilla très vite. Deux boutons
D’une chair noire et sèche indiquaient ses tétons.
Elle était jaune, maigre, efflanquée et très haute.
Sa carcasse montrait les creux de chaque côte.
Pas de seins, pas de ventre — un homme — avec un trou.
Quand j’aperçus cela, je me dressai debout ;
Mais elle m’étreignit sur sa poitrine nue,
Elle me terrassa d’une force inconnue,
Me jeta sur le dos d’un mouvement brutal,
M’enfourcha tout à coup comme on fait un cheval,
Et dans son vagin sec elle enserra ma pine.
Sa grande barbe noire ombrageait sa poitrine ;
Son masque grimaçait d’une étrange façon ;
Et je crus que j’étais baisé par un garçon !…
Rapide, l’œil brillant, acharnée et féroce
Elle allait, elle allait, me secouant très fort.
Elle m’inocula sa jouissance atroce
Qui me crispa les os comme un spasme de mort ;
Et puis tordue, avec des bonds d’épileptique,
Sur ma bouche colla sa gueule de sapeur
D’où je sentis venir une chaude vapeur
De genièvre, mêlée au parfum d’une chique.
Pâmée, elle frottait sa barbe sur mon cou.
Puis soudain redressant sa grande échine maigre,
Elle se releva — disant d’une voix aigre —
— « Nom de Dieu que je viens de tirer un bon coup. »


Guy de Maupassant.

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