Page:Les filles de Loth et autres poèmes érotiques, 1933.djvu/62

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Dans les bordels soignés, il est un instrument
Qui pour un pareil cas sert admirablement.
Ce sont tout simplement de très fortes ficelles
Qu’on lui noue en passant par-dessous les aisselles ;
On le tient quelque temps suspendu dans les airs…
Alors, pour l’exciter et lui roidir les nerfs,
Tantôt on fait glisser sur ses couilles pendantes
De la plume de paon les barbes irritantes,
Tantôt, avec le doigt, fourré profondément,
On cherche à stimuler les chairs du fondement ;
Des pieds on lui chatouille artistement la plante ;
On fait une omelette et, dès qu’elle est brûlante,
On l’applique aussitôt sur son vieux cul ridé…
Si son vit impuissant n’a pas encore bandé
Malgré tous les moyens qui lui viennent en aide,
Comme à tous les grands maux il faut un grand remède,
On saisit le paquet de verges à deux mains,
On fustige le vieux sur la chute des reins…
La douleur qu’il éprouve est quelquefois bien grande…
Mais il ne se plaint pas : il est heureux… il bande !
On le décroche alors, on le met sur un lit…
Pendant longtemps encore on lui branle le vit…
À force d’agiter cet antique viscère,
On en tire à la fin quelques gouttes d’eau claire.
Il est vrai que le corps, par mille excès usé,
Demeure anéanti, moulu, rompu, brisé ;
Qu’il est sans voix, sans souffle, et qu’un bon rhumatisme
Est fort souvent, hélas ! le prix de son cynisme ;
Mais lorsque nous avons rempli notre devoir
Et fait de notre mieux, nous n’avons pas à voir
De quel mauvais côté se tourne la médaille…
Qu’on amène un sapin et que le vieux s’en aille !


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