Page:Les illégalités et les crimes du Congo, 1905.djvu/12

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reconnaissance avaient occupé les diverses parties du campement ; les marabouts, chefs de bande et griots viennent se rendre successivement. Un cavalier est envoyé à Moktar et à Saranké-Mory qui se trouvent à 12 kilomètres de là et leur porte l’ordre de venir immédiatement faire leur soumission, sous peine de voir mettre à mort leur père et leur mère. À une heure, ils sont au camp, apportant leurs armes et leurs munitions… »

Vous avez entendu : mettre à mort leur père et leur mère.

Ce récit est signé : E. Chaudié[1].

Vous me demandez qui est-ce Chaudié ?

Voici ses titres :

« Inspecteur général des colonies françaises, gouverneur général de l’Afrique occidentale française, officier de la Légion d’honneur. »

Au reste, il est ici simple narrateur, simple rapporteur, mais rapporteur officiel.

Si je ne m’étais pas imposé la loi de ne parler que des choses françaises, je rapprocherais de ces documents français les déclarations de « civilisés », qui, dans des colonies européennes qui n’ont rien de français, annoncent solennellement la résolution de massacrer en masse tous leurs adversaires ; j’appellerais à notre barre une troisième puissance européenne et en quatrième lieu un chef d’État. Contre eux tous cette même terre d’Afrique se porte accusatrice de crimes récents ! J’y appellerais enfin les Américains ou mieux les Européens d’Amérique, lesquels sont parfaitement dignes de leurs frères de ce continent.

Oui ! j’ai le droit de le répéter, les colonisateurs travaillent à se barbariser.

Je ne multiplie pas ces citations douloureuses.


J’arrive aux colonies créées par la voie oblique du protectorat, et je me contenterai de vous faire connaitre ici un mode de transformation que le Comité de protection et de défense des Indigènes a

  1. Journal Officiel de l’Afrique occidentale française, 24 nov. 1898, p. 430, 2e col. in fine.