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DISCOURS DE M. FRÉDÉRIC PASSY

membre de l’institut



Mesdames, Messieurs,

Deux mots seulement avant de donner la parole aux orateurs inscrits, deux mots pour bien marquer le caractère et le but de cette réunion.

Son but vous le connaissez, c’est d’obtenir de vous, et je ne doute pas que nous ne l’obtenions tout à l’heure, une protestation énergique, au nom de l’humanité, au nom de la France, contre des abominations qui déshonorent la France et l’humanité. Son caractère, il résulte de la présence des personnes qui m’entourent sur cette estrade. Il y a sur cette estrade, et vous allez entendre tout à l’heure, disant les mêmes choses, du moins vous exprimant les mêmes sentiments, plaidant pour la même cause, des hommes qui, dans les circonstances habituelles de la vie, sont souvent séparés par des différences plus ou moins marquées d’opinions ou de croyances, qui quelquefois même, sans manquer à la courtoisie que se doivent des hommes libres, ont été des adversaires. Ces hommes, aujourd’hui, sont ici réunis, en un faisceau, la main dans la main, pour soutenir la même cause.

C’est qu’il y a des causes qui sont supérieures à tous les dissentiments habituels, des causes qui sont à la fois d’intérêt commun, d’intérêt universel, d’intérêt humain, ou plutôt de devoir universel, de devoir humain. La cause de laquelle on vous entretiendra tout à l’heure est une de celles-là.

Il y a, disais-je à l’instant, des faits abominables. Il y a eu dans ces régions lointaines, où les nations européennes prétendent se disputer le privilège de répandre la civilisation, des actes (il y en a encore) qui sont tout autre chose que le développement de la civilisation, des actes qui semblent n’avoir pour but que de semer, avec la haine des nations euro-