Page:Les illégalités et les crimes du Congo, 1905.djvu/52

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terribles cela peut avoir pour notre influence et pour notre race. De telles pratiques ne sont pas sans retentir sur les populations que nous gouvernons et par suite sur la solidité de notre domaine Colonial. On ne donne pas impunément de semblables démentis à ses principes. C’est très beau de faire des conférences philanthropiques comme celle de ce soir, mais si les résolutions qui y sont prises ne sont pas appliquées, elles ne servent à rien. Nous préparons lentement le soulèvement de tous les peuples qui nous sont aujourd’hui soumis. Personnellement, j’ai assisté à deux insurrections j’ai pris part à leur répression… Oh ! comme médecin. Je crois que ces deux insurrections ont été provoquées, inconsciemment peut-être par nos agents ; je ne crois pas aux insurrections spontanées. Dans un des pays où j’ai vécu, que nous avons pacifié, j’ai appris qu’il y avait eu, après notre départ cinq insurrections successives. Je crains fort que ces cinq insurrections n’aient été fomentées par des ambitieux, sans conscience qui ont voulu acquérir à leur faveur des croix, ou des galons (Vive approbation).

On nous parle du péril jaune, du panislamisme, du séparatisme et du danger que ces tendances nous font courir ; mais rappelons-nous ce que disait récemment Anatole France à cet égard : le danger du péril jaune ou du panislamisme, mais c’est nous qui le créons par notre manière d’être vis à vis de ces races que nous considérons comme inférieures. Notre empire colonial d’aujourd’hui, conquis à si grands frais, quand il aura servi à engraisser un certain nombre d’individus, pourrait nous offrir le régal de nouvelles Vêpres Siciliennes. C’est fatal. Il ne peut en être autrement, à moins que n’intervienne promptement une transformation complète des hommes et des mœurs.

J’avais l’intention de vous parler du danger que cette mentalité spéciale fait courir à notre propre race ; je ne le ferai pas puisque M. Rouanet vous en a déjà parlé. J’avais signalé ce danger dans les discussions du Congrès colonial de 1904 où j’ai pris la parole, appuyé par la Ligue des Droits de l’Homme et par M. Viollet. J’ai fini par émettre cette idée que si la déchéance de trois ou quatre mille