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Oui, c’est à nous de prendre des résolutions assez énergiques pour que, à partir du moment où nous protestons ici, il puisse appliquer enfin, aux colonies, le seul régime qui leur convienne, un régime de justice et de liberté qui ne déshonore pas notre pays : notre noble France doit être et demeurer un pays compatissant, généreux et fraternel (Applaudissements).



DISCOURS DE M. ALCIDE DELMONT

avocat à la cour d’appel


Mesdames, Citoyens,

Je suis heureux de prendre la parole à cette réunion pour pouvoir remercier sincèrement la Ligue des Droits de l’Homme et le Comité de Défense des Indigènes d’avoir bien voulu s’unir pour réaliser le meeting de ce soir.

Il fallait, après l’admirable campagne de Rouanet, montrer au gouvernement que son idéal d’absolu silence n’était pas réalisé et que l’opinion publique, étant saisie des faits qui lui étaient dénoncés, saurait exiger la sanction, la réparation des fautes qui avaient été commises. Et, pour réaliser l’admirable manifestation à laquelle vous vous êtes associés, la Ligue et le Comité ont agi avec un dévouement absolu. C’est que, bien qu’en pensent nos coloniaux, qui prétendent ne s’occuper que de questions pratiques, que des côtés pratiques de la colonisation, il a encore en France des hommes qui croient à l’utilité d’être humains avec les indigènes, il y a encore en France des hommes qui pensent que dans les contrées où végètent des races retardataires, on n’a pas le droit d’apporter seulement le despotisme.

Ah ! les coloniaux nous traitent volontiers d’idéologues lorsque nous formulons ces simples principes qui sembleraient pouvoir concilier tous les esprits. Idéologues si l’on veut ! mais nos idées sont les mêmes que celles de ces grands Français qui, secouant d’un geste libérateur tout un passé féodal