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les nègres.

silence, un me demanda si moi-même je connaissais tous les objets dont je venais de leur parler.

« Mon maître de langue, qui avait demeuré quelque temps avec eux, me confirma que ces peuples n’avaient aucun culte. Leur humanité fait honte cependant a des peuples plus éclairés. »

Mollien ne les dépeint pas comme tout à fait sauvages, mais il les regarde pourtant comme réfractaires à toute tentative de civilisation : « Les nègres du cap Verd, que les relations continuelles d’intérêt et de commerce mettent en communication avec Gorée, sont passablement éclairés, mais aucune amélioration ne se fait apercevoir ni dans leur genre de vie, ni dans leur costume, ni dans la construction de leurs cases ; au reste, ils sont doux et honnêtes, mais intéressés. » (Op. cit., t. I, p. 146.)

Les renseignements que donne Labat, d’après Brüe, concordent avec ceux-là. Aucune idée de la divinité ni d’une vie future. Ils sont nus, ont de nombreux bestiaux ; ils ne s’allient point avec leurs voisins. Ils reçoivent bien toutefois les blancs qui les viennent visiter. Ils cultivent la terre avec soin et ne se montrent pas aussi paresseux que bon nombre d’autres nègres[1]. Carlus rapporte que généralement les mariages se font entre personnes de même caste[2] ; une femme est, pour l’ordinaire, payée trois esclaves ou trois chevaux, ou vingt bœufs.

En fait, ce sont de bons cultivateurs, vivant des produits de leurs champs et de ceux de leurs troupeaux. Ils récoltent le riz, le miel, les haricots, les arachides, le coton[3]. Avec ce dernier ils se fabriquent des pagnes. Corre les représente comme

  1. Nouvelle Relation de l’Afrique occidentale, t. IV, p. 156. Paris, 1728.
  2. Revue de Géographie, t. VI, p. 415.
  3. Pinet-Laprade, dans le mémoire cité ci-dessus, donne d’intéressants détails sur l’agriculture chez les Sérères.