Page:Les oeuvres poétiques de Clovis Hesteau de Nuysement 1578.pdf/100

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XXIIII.


Telie veux tu voir si l'amour me surmonte,
Si dans mon tiede sans s'allumme son feu pront ?
Voy voy je te suplie, & ma joue & mon front,
Se colorer du teint d'une vermeille honte.

Veux tu sçavoir encor la fureur qui me dompte,
Et quel est le brasier qui pour t'aimer me fond ?
Sens sens le vent poussé de ce soupir profond,
Qui de mon estomac comme d'un fourneau monte.

Mon sang brusle, & mon front d'une palleur atteint
Tesmoigne ma foiblesse, & mon poulon contraint,
Exalle les soupirs comme un feu la fumee :

Le feu venant du centre, au centre est retourné,
Tellement que mon cueur en est si entourné,
Que des extremitez la force est consommee.


XXV.



Le seul object sacré de ta vertu insigne,
Me desrobe des yeux du peuple vicieux :
Et le Ciel prodiguant le parfait de son mieux,
Me donne en ta faveur la voix du plus beau Cigne.

Puis que la deité ma daigné juger digne,
De peindre en adorant un bien si precieux :
Que puis-je esperer moins (pour loyer) des hauts Dieux,
Qu'estre dedans le Ciel creé un nouveau signe.

O bien heureus desir, ô bien-heureux object,
O bien-heureuse voix, ô bien-heureux subject,
Puisque j'attens par vous si haute recompense.

Pour l'immortalité nous rendre revestus,
Le Ciel vous a donné mille & mille vertus :
Et pour les decorer m'a fait prendre naissance.