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Le 3e bataillon est en réserve.

Le poste de commandement du régiment est à Brioche, point particulièrement bombardé dès la tombée de la nuit.

On occupe ainsi le secteur jusqu’au 19 octobre, aménageant les tranchées, creusant boyaux et abris, sous le feu toujours plus vif de l’artillerie ennemie.

Dans la nuit du 19 au 20, le 54e est relevé par le 172e régiment d’infanterie et le 29e bataillon de chasseurs à pied, et se rend au camp 19, près de Suzanne.

Du 21 septembre au 20 octobre, le 54e a subi des pertes élevées :

25 Officiers : 7 tués[1], 16 blessés, 2 disparus ;
55 Sous-officiers : 15 tués, 36 blessés, 2 disparus ;
79 Caporaux : 7 tués, 68 blessés, 4 disparus ;
766 Soldats : 97 tués, 565 blessés, 104 disparus.

Le 20 octobre, le régiment est enlevé en camions autos et transporté dans les cantonnements de repos d’Epeaux (1er  bataillon), Omécourt (2e), Loueuse (état-major et 3e), dans la région de Formerie. Un froid très vif rend fort pénible le voyage de nuit en camions et surtout les haltes sur les boulevards d’Amiens et à l’entrée des cantonnements. Mais l’arrivée hors de la zone de combat a tôt fait de faire oublier ces misères.

Pourtant, ce premier séjour dans le secteur de Bouchavesnes a été particulièrement rude. Outre les pertes sévères subies pendant l’attaque du 25 septembre, les relèves ont causé de nombreuses victimes, l’ennemi bombardant violemment les lignes et les arrières jusqu’à une grande distance. Dans la grasse argile picarde, les boyaux et tranchées s’éboulent à la moindre pluie ; au cours des relèves et des corvées on s’enlise dans une boue gluante qui imprègne les vêtements et dont on ne peut se défaire. Et il ne faut pas songer à quitter le boyau pour le « bled» : l’ennemi envoie rafales de mitrailleuses et volées de schrapnels sur celui qui se hasarde dans la plaine dont l’immensité s’étend à perte de vue. Les abris hâtivement construits, n’offrent qu’un précaire refuge.

  1. Parmi les tués figurent le Lieutenant Etienne de Fontenay et le Sous-lieutenant Costeur, tombés le 25 septembre en entraînant magnifiquement leur troupe à l’assaut.