violemment la première ligne et le village de Cumières avec des
obus et des « minen » de gros calibre.
La première ligne est entièrement bouleversée, les caves du
village s’effondrent les unes après les autres, ensevelissant la plus
grande partie des occupants.
Le commandant Roullet, blessé, passe le commandement du
5e bataillon au capitaine Lisbonne, commandant de la compagnie
de droite (18e). La section d’extrême droite, chargée de la défense
de la Meuse est anéantie ; les hommes envoyés pour la remplacer
sont tués sous le violent bombardement. Le bombardement continue
avec une rare intensité.
Le 24 à 2 heures du matin, le tir de l’artillerie ennemie s’allonge
jusqu’à la lisière sud du village où pénètrent de fortes patrouilles
allemandes venues de front et de flanc, ces dernières ayant traversé
la Meuse ; deux compagnies suivent immédiatement et gagnent la
lisière sud. Les survivants de Cumières, submergés sont faits prisonniers :
ils ne sont plus qu’une cinquantaine, valides et blessés.
Voici d’après le journal de guerre du capitaine Lisbonne, le
récit de l’agonie du 5e bataillon :
« Le 23 mai, le bombardement se poursuit ; successivement je voyais disparaître le village ou ses restes ; dans la journée, j’envoie des ordres aux deux compagnies de gauche ; les P. C. étaient écroulés sur les officiers, quelques hommes tenaient encore dans des trous d’obus. Je fais pour la brigade un compte rendu succinct et le donne à porter à deux coureurs. Il est impossible de franchir le barrage. Les malheureux se savent, comme je le sais moi-même, voués à une mort certaine. Et puis, je leur défends de partir ; ils tomberont peut-être ici, mais leur sacrifice consenti est inutile ; on doit bien savoir à l’arrière ce qu’il en est de nous désormais.
La section chargée de la défense de la Meuse est ensevelie dans la ferme qui l’abrite ; vers le soir, je rassemble ma liaison ; dix hommes se présentent que je veux à tout prix envoyer en surveillance vers la rivière ; je les vois partir les larmes aux yeux ; à 20 mètres de là, sept sont tués d’un seul obus.
Le bombardement redouble : c’est la fin ! Ma cave, dont une seule issue demeure à moitié libre, a résisté par miracle. Depuis ce matin, je compte un obus par cinq secondes. Nos téléphones sont coupés, notre artillerie muette. Je n’ai plus au bataillon cent hommes debout.
À minuit (23-24 mai), un soldat pénètre affolé dans le poste où depuis