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Page:Les régiments d'infanterie de Compiègne.djvu/49

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Mouilly et au repos à Rupt-en-Woëvre où le régiment cantonne en entier du 28 au 31 octobre. On progresse un peu à chaque relève, creusant des tranchées, couchant sous de précaires abris de feuillages, subissant chaque fois de nouvelles pertes du fait des obus dont aucun abri efficace ne protège, ou de ces interminables fusillades nocturnes qui se déclanchent de part et d’autre au moindre bruit.

À partir du 31 octobre, le régiment a un bataillon en première ligne, dans les tranchées du bois Loclont, en liaison, à gauche, avec le 67e régiment d’infanterie, à droite, avec la 30e brigade, un bataillon en réserve à Mouilly où se trouve le poste de commandement du Colonel et un à Rupt. Les relèves ont lieu tous les deux jours sur les diverses positions. La première ligne se trouve peu à peu portée jusqu’à moins de 50 mètres des tranchées ennemies, sur les pentes nord-ouest du bois de Vaux-les-Palameix à environ 250 mètres du fond du ravin qui le sépare du bois Loclont Trois compagnies sot en première ligne, la quatrième est en soutien à la Grande Laie sommière du bois Loclont.

C’est maintenant la rigueur des nuits d’hiver en plein bois, le long séjour au petit poste avancé avec les pieds dans la boue ou la neige, la fatigue des rudes travaux auxquels chacun participe de son mieux, établissement de tranchées, banquettes de tir, créneaux, construction d’abris, pose de fils de fer barbelés, sous la fusillade incessante et les obus. Comment relater ces relèves interminables dans les layons rectilignes toujours fangeux, ces corvées de ravitaillement au Ravin de France qui abrite les cuisines, d’où l’on revient brisé par le poids d’un repas déjà froid et souvent trouvé peu substantiel par les appétits que le travail a aiguisés ?

Quelques points du secteur sont particulièrement dangereux : les petits postes établis dans les layons par exemple, et surtout cette, fameuse « tranchée tragique », qui, prise d’enfilade à ses deux extrémités, est la hantise de ceux qui montent en ligne, auxquels elle fut souvent fatale.

Le cantonnement de Mouilly où se tient le bataillon de réserve est d’un séjour plus agréable. Les bombardements y sont assez rares, on y couche sur la paille des granges et les quelques civils