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qui, au début, ont refusé d’évacuer le village, s’ingénient à favoriser l’existence de la troupe.

Bien abrité au fond de sa vallée, Rupt-en-Woëvre ne subira de bombardements véritables qu’en juillet 1915. C’est le cantonnement de repos rêvé, à 4 kilomètres des tranchées, et pendant plus de dix mois, le régiment ne connaît de l’arrière rien d’autre que ce petit village meusien. Le fantassin, roi de la bataille, n’y a cependant pas la considération des divers autres éléments qui y sont cantonnés à demeure : États-Majors de la brigade et de la division, trains de combat, échelons d’artillerie, etc. La population civile, qui n’est pas évacuée, s’est faite commerçante et ravitaille les soldats qui veulent améliorer leur ordinaire.

À tour de rôle une compagnie du bataillon de Mouilly cantonne à la ferme d’Amblonville, vide de ses habitants.

La vie, presque monotone, dans ce coin des Hauts-de-Meuse, est cependant marquée de rudes épisodes.

Le 26 décembre 1914. — Après un réveillon passé dans la paille des cantonnements de Rupt, le régiment qui y était au repos en entier et devait monter en ligne dans l’après-midi du 25 décembre, apprend que son départ différé en vue d’une attaque à effectuer de part et d’autre de la Tranchée de Calonne, n’aura lieu qu’au milieu de la nuit. Il gèle très fort. Le régiment, acheminé vers les lignes par la ferme d’Amblonville, Mouilly et le carrefour Tranchée de Calonne-route Mouilly-Saint-Rémy, arrive en ce dernier point au petit jour ; il a pour mission de s’emparer de la première ligne ennemie et d’atteindre le carrefour de la route de Vaux-les-Palameix. Les bataillons prennent place dans les tranchées déjà occupées par le 67e : le 1er bataillon (commandant Lanquetin) est au centre, à cheval sur la Tranchée de Calonne : le 3e (commandant Arrous) à droite ; le 2e (commandant Chenouard) à gauche.

À 7 h. 30, toute l’artillerie du secteur ouvre un feu violent sur la position ennemie ; le feu dure une demi-heure, et à 8 heures, le signal de l’attaque est donné par le commandant Lanquetin, au moyen de clairons qui sonnent la charge. L’attaque du bataillon Lanquetin progresse difficilement, les escaliers de franchissement