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Elle échoue sur le front de la division. Elle a particulièrement été acharnée dans le Bois Fumin sur le 67e, qui a héroïquement résisté, conservant son front intact et faisant des prisonniers.

Sur le front du bataillon Mosser, les vagues d’assaut ont été, à quatre reprises, repoussées à la grenade et au fusil[1].

Journée du 24 juin. — Le 3e bataillon du 171e, venu relever le bataillon Mosser, n’a pu se mettre en liaison avec lui dans la nuit ; le 2e bataillon du 54e et le peloton Lefèvre sont donc obligés d’attendre la nuit suivante pour rejoindre leur cantonnement. Ils y arrivent très réduits par les grosses pertes subies ; la 8e compagnie, par exemple, montée en ligne avec 4 officiers et 180 hommes, n’a plus qu’un officier (sous-lieutenant Delacourt) et 14 hommes.

Le 25 juin, tout ce qui reste du régiment est groupé à Belrupt, où il est arrivé épuisé. Pendant toutes ces journées de combat, les souffrances endurées ont été terribles. La poussière intense développée par la chute incessante des projectiles, la fumée, la chaleur orageuse, l’âcreté de l’air empoisonné par les obus à gaz, ont très fortement éprouvé les combattants-. Les ravitaillements n’ont pu se faire qu’imparfaitement, l’eau surtout a manqué.

Malgré toutes ces fatigues, malgré le pilonnage incessant par obus de tous calibres, malgré les obus asphyxiants, la 12e division a héroïquement tenu tête à l’ennemi[2].

Pendant le séjour à Verdun, les pertes du 54e ont été les suivantes :

Compagnie hors rang : officier : 1 tué ; troupe : 3 tués, 8 blessés, 2 disparus.

1er Bataillon : Officiers : 11 tués, 6 blessés, 4 disparus (prison-

  1. Les munitions sont comptées, on les ménage et, en fin de journée, les défenseurs en sont réduits à jeter des pierres aux assaillants.
  2. Parmi les nombreux actes d’héroïsme accomplis au 54e, nous reproduisons le suivant :
    Le 21 juin 1916, le caporal Kerobert, du 1er bataillon fut très grièvement blessé en assurant la relève de ses sentinelles (bras arraché, deux balles dans le corps). Il vint trouver son officier et lui dit tranquillement : « Mon lieutenant, tous les hommes de mon escouade sont tués ou blessés. » Puis, montrant sa vareuse couverte de sang, il ajouta : « Je souffre horriblement, mais je ne crierai pas pour ne pas démoraliser mes camarades. » Une heure après, ce brave mourait sans avoir dit un mot.