DIALOGVE
DE PLACIDE ET SEVERE.
- Placide.
OICI noſtre voiſin Seuere, qui s’en
vient ayant la face merueilleuſement
refrongnée : il a veu dans ſa maiſon
quelque perſonne qui luy fâche, &
s’en plaint tout a part luy.
Seue. O la grãd peine que c’eſt d’auoir
Femmes, ou Filles a gouuerner ! Vray’ment ie ne
m’eſtonne point, dont vn renommé Philoſophe, penſe
les deuoirs tenir au rang des Animaux ſans raiſon. Et ſi
iamais pauure homme s’eſt trouvé affligé de leurs importunitez,
ie ſuis ce miſerable. I’ay vne Femme rioteuſe,
facheuſe, dédaigneuſe : i’ay vne Fille éventée,
affetée, éfrontée : Ce-pendant il faut que ie ſoufre en
deſpit de moy, le chagrin de l’une, & la vanité de l’autre.
Mais ie voy le vieillard Placide venir en ça, lequel
ayant en ſa maiſon méme charge inutile que moy, d’v-