Page:Les secondes oeuvres de mesdames Des Roches, de Poictiers, mère et fille.djvu/70

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ne Fille ennuyeuſe, me pourra biẽ dire cõmẽt il ſe deporte enuers elle, afin que ie prenne ſon exẽple, s’il me ſẽble bon. Or ie m’en vais le ſaluer, combien que ce ne ſoit pas ma couſtume d’acoſter gueres de peuple. Bonſoir Placide. Pla. Dieu vous contẽte, Seigneur Seuere, vo9 & tout ce que vo9 aymez. Sev. Croiez que tel ſalut n’eſt pas vniuerſel : Car ie n’aime perſonne en ce monde que moy : auſſi n’ay-ie occaſion d’aimer aucun. Pla. Hé dea ! n’auez vous point cauſe de tenir voſtre Fẽme chere ? Sev. Ah ! qu’il vous eſt aiſé à dire pour-ce que vous n’en auez plus. Que ie voudrois de bõ cueur eſtre auſſi heureux cõme vous ! la voſtre eſt morte & la miẽne ſeulemẽt abſente : qui par ſa déplaiſante vie me fait mourir a toute heure. Pla. Nous auõs les opiniõs fort diuerſes de nos Femmes, qui eſtoient peut eſtre encore plus diferentes entre elles. Sev. Ie ne ſçaurois pẽſer qu’il y ait diference :

Car toutes ſont des Hommes aduerſaires.

Pla. Mais toutes ſont aux Hommes neceſſaires.

Et ſi ce neſtoit que ie voi le deſiderable pourtrait de mon Eſpouſe en la face & aux coutumes de ma Fille, ie languirois en cete penible vie. Sev. O le bon mari, que vo9 auez été ! Mais a propos de voſtre Fille, dites moy comment elle ſe maintiẽt. Pla. Comme ie veux, & qu’il me ſemble qu’elle doit. Sev. La miẽne fait au cõtraire de ſon deuoir, & de ma volonté. Iamais ie n’ay vu ſi grãd’ trotiere : elle voudroit voir en vn iour l’ũ