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surprenant ; quant aux grotesques ou aux feuillages à représenter sur le fond, on les ombre avec la même teinte d’aquarelle. Tel est le travail que les peintres appellent sgraffito, ou travail égratigné au fer. Reste maintenant à parler des grotesques que l’on représente sur le mur. Pour ceux qui doivent être sur fond blanc, comme le mur n’est pas recouvert de stuc et comme la chaux n’est pas blanche, on couvre tout le fond d’une légère couche de blanc. On décalque ensuite, et l’on travaille à fresque avec des couleurs solides ; ce travail n’aura jamais la grâce de celui que l’on exécute sur le stuc. On peut de cette manière peindre des grotesques d’un dessin simple ou fouillé ; on les exécute de la même manière que l’on peint les figures à fresque, ou sur le mur.


Chapitre XIII. — Comment on exécute les grotesques sur le stuc.


Les grotesques sont une espèce de peintures fantaisistes et risibles que les Anciens faisaient pour orner les vides, dans les lieux où l’on ne pouvait représenter que des choses en l’air. Ils y figuraient toutes sortes de monstres, tels que la petitesse du lieu le permettait et que la fantaisie des artistes l’imaginait. On ne suit aucune règle, attachant par exemple à un fil extrêmement ténu un poids qu’il ne pourrait porter, donnant à un cheval des jambes de feuillages, à un homme des pattes de grue, et entremêlant le tout de rubans et de petits oiseaux. L’artiste dont l’imagination avait été la plus vagabonde passait pour avoir le mieux réussi. Ce genre de peintures reçut ensuite des règles ; on les disposa le long de frises ou dans des compartiments en admirables arabesques, et on mélangea ces peintures aux ornements de stuc. Elles furent d’un usage si constant, qu’à Rome et dans tout autre endroit où les Romains ont séjourné, on en trouve encore quelque vestige. En vérité, rehaussées d’or et de stucs en relief, elles forment une œuvre gaie ou agréable à voir. On les exécute de quatre manières différentes. La première consiste à travailler le stuc simple. Dans une autre, on fait les ornements seuls en stuc ; on peint des sujets dans les vides, et des grotesques sur les frises. La troisième consiste à faire les figures partie découpées en stuc et partie peintes en blanc et noir, imitant ainsi les camées et d’autres pierres. De cette espèce de grotesques et de stucs, on a vu, et on en voit tant d’œuvres exécutées par les Modernes qui s’en sont servi, avec une grâce et une beauté extrêmes, pour orner les constructions les plus remarquables de toute l’Italie, que les Anciens ont été largement devancés. La dernière manière est un travail d’aqua-