couleur et séparés par des statues ; cet ensemble a une grâce extrême. Les peintures que l’on fait pour des arcs, des comédies ou des fêtes s’exécutent après qu’on a couvert la toile de terre verte, c’est à dire de terre ordinaire dont on fait des vases, et qu’on a détrempée dans de la colle. Il faut que la toile soit humectée par derrière, pendant que l’artiste la peint, pour faire mieux ressortir les clairs et les foncés de son œuvre sur ce fond de terre verte. On adoucit généralement les noirs avec un peu de détrempe ; on emploie la céruse pour les blancs, le vermillon pour donner du relief aux objets qui simulent le bronze, et le jaune pâle pour faire les lumières sur le vermillon. La même terre jaune et rouge sert pour les fonds et pour les foncés ; les mêmes noirs que pour le travail à fresque servent pour les intermédiaires et pour les ombres. On fait aussi d’autres sortes de clairs-obscurs ombrés avec diverses couleurs, comme la terre d’ombre ; les fonds sont en terre verte, et l’on y emploie le jaune et le blanc. La terre noire sert également ; c’est une terre analogue à reflets verdâtres, que l’on appelle verdaccio.
Chapitre XII. — Des graffites dans les maisons, qui résistent à l’eau ; quelles matières on emploie pour les faire. Comment on exécute les grotesques sur les murs.
Les peintres ont un autre genre de peinture, qui est à la fois du dessin
et de la peinture, et qu’on appelle sgraffito. Il ne sert qu’à la décoration
des façades des maisons et des palais, que l’on exécute de cette
manière bien plus rapidement et qui résiste sûrement à l’eau. Tous les
contours, en effet, au lieu d’être dessinés au charbon, ou avec une
matière semblable, sont creusés au fer par la main du peintre, ce qui
se fait de la manière suivante. On prend de la chaux mélangée avec
du sable, à la manière ordinaire, et avec de la paille brûlée on la teint
en foncé, de façon à obtenir une couleur intermédiaire, qui tire sur
l’argentin, mais plutôt foncée que claire. Cet enduit sert à crépir la
façade. Cela fait, et le crépi étant bien égalisé, on blanchit la façade
avec de la chaux blanche de travertin. On décalque ensuite les contours,
où l’on dessine ce que l’on veut représenter. On suit les contours
en les creusant et en enlevant ainsi la chaux, laquelle recouvrant un
fond noir montre toutes les égratignures du fer, comme si l’on avait
dessiné sur la façade. On gratte généralement le fond blanc, et l’on se
sert d’une teinte d’aquarelle foncée, très aqueuse, avec laquelle on fait
les foncés, comme si l’on peignait sur le papier. De loin, l’effet est