Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/110

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et se sépare de la plaque. On polit ensuite à l’émeri les morceaux détachés, et l’on enlève le superflu avec un outil appelé grisatoio ou topo ; on rogne les contours dessinés, de manière qu’ils deviennent de la dimension nécessaire pour pouvoir faire l’assemblage. Les morceaux de verre étant ainsi assemblés sont étendus sur le carton posé sur une table plane, et l’on commence à peindre les ombres des draperies. On emploie pour cela de la limaille de fer réduite en poudre et de la rouillure que l’on trouve dans le minerai et qui est rouge ; on emploie aussi du crayon rouge, dur et moulu. On s’en sert pour ombrer les chairs que l’on charge de noir ou de rouge, selon le besoin. Mais il est tout d’abord nécessaire, pour rendre les chairs, d’étendre un peu de rouge sur tous les verres, et d’en faire autant avec le noir pour les draperies, en détrempant ces couleurs dans de la gomme ; on les peint de cette manière peu à peu, et on les ombre d’après le carton. Ensuite, quand les verres sont peints, si l’on veut leur donner des lumières vigoureuses, on prend un pinceau dont les soies soient courtes et fines, et l’on s’en sert pour faire des hachures sur les verres avec la couleur claire, enlevant ainsi la couleur première qu’on y avait étendue ; puis, avec la hampe du pinceau, on frappe de lumières les cheveux, la barbe, les vêtements, les édifices et les paysages, en travaillant à sa volonté. Mais ce travail offre plusieurs difficultés. Celui qui s’en occupe peut mettre des couleurs variées sur le verre ; après avoir tracé sur une teinte rouge un feuillage ou une chose menue, s’il veut qu’au feu ce détail soit une autre couleur, il peut écailler le verre sur l’étendue de ce détail avec la pointe d’un outil qui enlève l’épiderme du verre, en ne dépassant pas la première couche. En opérant ainsi, le verre reste blanc, et l’on y étend un rouge obtenu avec différentes compositions et qui par la cuisson devient jaune. On peut en faire autant de toutes les couleurs ; mais le jaune réussit mieux sur le blanc que sur les autres couleurs. Le bleu à l’échampir, devient vert par la cuisson, parce que le jaune et le bleu superposés donnent une couleur verte. Ce jaune ne se pose jamais que sur la face interne qui n’est pas peinte, sinon il gâterait la teinte primitive en s’y mélangeant ; tandis qu’une fois le verre cuit, le rouge reste sur l’autre face, et si l’on gratte le verre avec un outil, on voit le jaune. Quand les verres sont peints, on les met dans une tourtière de fer avec une couche de cendre tamisée et de chaux cuite mélangées. Les verres sont ainsi séparés et recouverts couche par couche de cette cendre, puis on les met dans le fourneau. Celui-ci, étant échauffé à feu lent et peu à peu, porte la cendre et les verres au rouge, en sorte que les