Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/111

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couleurs qui y sont étant également échauffées entrent en fusion et prennent sur le verre. Il faut apporter une extrême attention à cette cuisson, parce qu’un feu trop violent ferait éclater les verres, et un feu trop doux ne les cuirait pas. Il ne faut pas les sortir, tant que la tourtière ou le poêlon qui les renferme n’est pas entièrement embrasé, ainsi que la cendre sur laquelle on a mis quelques échantillons qui sont au point quand la couleur a disparu. Cela fait, on presse les plombs dans des formes de pierre ou de fer, qui ont deux canaux, à savoir un de chaque côté, dans lequel le verre doit entrer et être serré. On rogne et l’on redresse les plombs, et ensuite on les assemble sur une table. Ainsi, morceau par morceau, toute l’œuvre s’enchâsse dans les plombs en plusieurs tableaux. Tous les joints des plombs sont ensuite soudés à l’étain, et sur quelques traverses qui doivent supporter les ferrements on met des fils de cuivre scellés, de manière à soutenir et à lier tout l’ensemble. Il est armé de ferrements qui ne doivent pas couper les figures, mais se plier en suivant leurs joints, de façon qu’ils n’empêchent pas de les voir. Ces fers transversaux sont fixés par des enclouures aux ferrements qui soutiennent le tout, et, comme nous l’avons dit, on ne les fait pas droits, mais tordus, pour moins gêner la vue. Sur la bande extérieure, on les fixe aux fenêtres, et ils sont scellés dans les trous de la pierre. Des fils de cuivre qui ont été soudés aux plombs des vitraux relient le tout fortement. Pour que les enfants ou les intempéries ne puissent les abîmer, on met derrière un fin treillis de cuivre. De pareilles œuvres dureraient indéfiniment si elles n’étaient pas d’une matière par trop fragile. Mais il n’en demeure pas moins que ce soit un art difficile, admirable et ingénieux.


Chapitre XIX. — Du nielle ; comment il a donné naissance à la gravure sur cuivre ; comment on entaille les objets en argent pour y mettre des émaux en relief ; comment on cisèle les objets en métal.


Le nielle, qui n’est autre chose qu’un dessin gravé et peint sur de l’argent, comme on peint et l’on dessine finement avec la plume, fut inventé par les orfèvres, déjà du temps des Anciens, car on a trouvé de leurs œuvres en or et en argent, sur lesquelles il y avait des creux remplis d’une mixture. On les dessine avec une pointe sur une plaque d’argent, et l’on entaille au burin, qui est un outil carré, ayant un tranchant de biais et à une seule pente, qui le rend plus aigu et taillant des deux côtés ; la pointe coule et taille très finement. C’est avec cet