Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/134

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pudio susceptus civium copiam torqueis aureis decoravit et in Pentecostem fundavit ecclesiam Sanctoriim Apostoionim ; in altari inclusa est lamina plumbea, in qua descripta apparet prefata fondatio et consecratio facta per ARCHIEPISCOPUM TURPINUM, testibus ROLANDO et ULIVERIO[1].

La construction sus-indiquée du Dôme de Pise excitant, par toute l’Italie et particulièrement en Toscane, l’esprit de quantité de gens à de belles entreprises, fut cause que, dans la ville de Pistoia, on commença, l’an 1032, l’église de San Paulo, en présence du bienheureux Atto, évêque de cette ville[2], comme on le lit dans un contrat de cette époque ; il en fut autant de beaucoup d’autres édifices dont il serait trop long de faire mention à présent. Les temps s’écoulant ensuite, l’année 1060, on éleva à Pise le temple rond de San Giovanni[3] en face du Dôme et sur la même place. Ce qui paraîtra merveilleux, et pour ainsi dire entièrement incroyable, se trouve mentionné dans un vieux livre de l’œuvre du Dôme, à savoir que les colonnes de ce temple de San Giovanni, les pilastres et les voûtes furent élevés et construits en quinze jours, sans un jour de plus. On lit dans le même livre, et qui en aura le désir pourra s’en rendre compte, que pour élever ce temple on mit une imposition d’un denier par feu ; mais on n’y dit pas si c’étaient des deniers d’or ou des petits deniers. Or, dans ce temps-là, d’après le même livre, il y avait à Pise 34.000 feux. Ce fut certainement une œuvre considérable, de grande dépense et difficile à exécuter, particulièrement la voûte de la tribune, faite en forme de poire, et recouverte de plomb. L’extérieur est rempli de colonnes, d’ornements et de sujets sculptés. Sur la frise de la porte du milieu, il y a un Christ avec les douze Apôtres[4], en demi-relief, traités à la manière grecque.

XIV. — À la même époque, c’est à dire l’an 1061, les Lucquois, voulant rivaliser avec les Pisans, commencèrent l’église de San Martino[5], à Lucques, sur le dessin de quelques élèves de Busketus

  1. Une inscription analogue se trouve sur le côté extérieur de la porte d’entrée, à gauche. Elle n’est certainement pas antérieure au XVIe siècle.
  2. Atto ne fut nommé évêque qu’en 1133. Le champ, sur lequel fut bâtie l’église destinée à agrandir une église antérieure (que l’on croit avoir été élevée en 748), fut acheté en 1136.
  3. Commencé par Diotisalvi, en 1153, comme le rapporte une inscription gravée sur un pilastre, à droite, en entrant : MCLIII mense aug. fundata fuit hec Ecclesia. — Et une autre en face : Deotisalvi magister hujus operis.
  4. Erreur : onze demi-figures de saints.
  5. Réédifiée en 1160. La façade due à un certain Guidetto est de 1204, comme le rapporte l’inscription suivante : MILL. CCIIII CONDIDIT ELECTI TAM PULCRAS DEXTRA GVI BECTI.