Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/135

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{car il n’y avait pas alors d’autres architectes en Toscane). Sur la façade antérieure de cette église est appliquée un portique de marbre, avec des ornements et des sculptures faites en mémoire du pape Alexandre II, qui fut évêque de cette ville peu avant d’être élevé au pontificat. Cette construction et le pape Alexandre sont mentionnés tout au long dans une inscription de neuf vers latins. On en voit autant dans une autre inscription antique, gravée dans le marbre, sous le portique, entre les portes. Sur la même façade sont quelques figures et sous le portique plusieurs sujets de marbre, en demi-relief, tirés de la vie de saint Martin, et traités à la manière grecque. Mais les meilleurs bas-reliefs, qui sont au-dessus d’une des portes, furent faits, cent soixante-dix ans après par Niccola Pisano, et terminés en 1233, comme on le dira en son temps. Quand on les commença, Abellenato et Aliprando étaient intendants de la fabrique, ce que l’on voit clairement par une inscription gravée en marbre, dans le même lieu. Les figures que l’on doit à Niccola Pisano montrent combien l’art de la sculpture fut amélioré par lui. Les édifices précités servirent de modèles à presque tous, sinon à tous les édifices qui furent élevés en Toscane, de l’époque indiquée ci-dessus jusqu’à l’année 1250. Aussi, voit-on que, dans l’espace de tant d’années, l’architecture n’acquit que peu ou rien et ne s’améliora pas sensiblement, qu’elle resta, au contraire, dans les mêmes termes, et alla en continuant de cette manière grossière dont nous voyons encore maintenant quantité d’exemples subsister. Je n’en ferai pas mention pour le moment, parce que j’en parlerai plus tard, quand l’occasion s’en présentera.

XV. — De même que l’architecture, les bonnes sculptures et peintures, qui avaient été enfouies sous terre pendant les désastres de l’Italie, restèrent jusqu’à la même époque renfermées ou inconnues des hommes qui ne pouvaient apprécier que les arts grossiers en usage courant de leur temps. On ne connaissait d’autres sculptures ou peintures que celles que produisait un reste de vieux peintres grecs, et qui consistaient soit en images de terre et de pierre, soit en figures monstrueuses peintes dont seuls les premiers contours recevaient une couche de couleur. Ces artistes, les meilleurs de leur temps, et étant seuls de leurs professions, furent amenés en Italie où ils apportèrent avec eux la mosaïque, la sculpture et la peinture, dans la forme sous laquelle ils connaissaient ces arts. C’est ainsi qu’ils les enseignèrent aux Italiens, grossièrement et lourdement. Les Italiens les pratiquèrent à leur tour, comme on l’a dit et comme on le dira, jusqu’à un certain moment. Les hommes de ces temps n’étant pas accoutumés à d’autre bonté ni à