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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/159

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puits d’Orvieto, comme nous le dirons lorsqu’il en sera temps. Niccola, non moins excellent sculpteur qu’architecte, plaça sur la façade de l’église de San Martino, à Lucques, sous le portique qui surmonte la petite porte de gauche en entrant, un bas-relief en marbre représentant la Descente de Croix, et plein de figures exécutées avec Un soin infini[1] ; il fouilla le marbre et donna à son œuvre un tel fini, qu’il fit espérer à ceux qui pratiquaient alors les arts si péniblement, qu’il viendrait bientôt celui qui devait leur faciliter la tâche et leur indiquer une meilleure voie. L’an 1240, il donna le dessin de l’église San Jacopo de Pistoia[2], et y fit couvrir de mosaïques la voûte de l’abside par des maîtres toscans ; bien que ce travail fût considéré comme coûteux et difficile à cette époque, nous devons plutôt le condamner et le mépriser que l’admirer, d’autant qu’il procède de cette manière pauvre en dessin et en composition qui régnait alors dans toute l’Italie. Niccola donc, par ses œuvres de sculpture et d’architecture, allait acquérant de plus en plus une renommée supérieure à celle des sculpteurs et architectes qui travaillaient alors dans la Romagne. On peut le voir d’après les églises de Sant’Ippolito et de San Giovanni à Faenza ; le Dôme, San Francesco et les maisons des Traversari, l’église de Porto à Ravenne ; le palais public, la maison des Malatesti et d’autres édifices à Rimini. Ce sont des constructions bien inférieures aux vieux édifices bâtis à la même époque en Toscane. Et ce que l’on a dit de la Romagne s’applique également à une partie de la Lombardie. Que l’on regarde, pour s’en convaincre, le Dôme de Ferrare[3] et les autres constructions élevées par le marquis Azzo. On verra alors combien ils sont loin du Santo de Padoue, élevé sur les dessins de Niccola[4], et de l’église des Frères Mineurs de Venise, deux constructions aussi magnifiques que célèbres.

À cette époque, beaucoup d’artistes, mus par une noble émulation, s’appliquèrent à la sculpture, avec plus d’ardeur qu’ils ne l’avaient fait auparavant, particulièrement à Milan, où nombre de Lombards et d’Allemands coopérèrent à la construction du Dôme, les mêmes qui se dispersèrent ensuite par toute l’Italie, à cause des discordes survenues entre les Milanais et l’empereur Frédéric. Il en arriva de même

  1. Ce bas-relief est accompagné d’une Adoration des Mages qu’on attribue à Giovanni
  2. Par un contrat du 11 juillet 1272, Niccola s’oblige à restaurer l’autel de cette église. — Les mosaïques ont disparu, l’église ayant été refaite au XVIème siècle.
  3. Refait au XVIIIe siècle.
  4. Attribution douteuse, qui n’est justifiée par aucun document.