Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/161

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Les Siennois [1], poussés par la réputation de cet ouvrage qui plut non seulement aux Pisans, mais à quiconque le voit, confièrent également la chaire de leur cathédrale à Niccola, Guglielmo Mariscotti étant podestat de la ville[2]. Il y représenta plusieurs épisodes de la vie de Jésus-Christ et en retira une grande gloire, tant pour les figures des bas-reliefs que pour les statuettes détachées, d’un travail très difficile, qui sont tout autour. Il donna pareillement le dessin de l’église et du couvent de San Domenico, à Arezzo, aux seigneurs de Pietramala qui les firent construire, et, cédant aux prières de l’évêque degli libertini, il restaura l’église paroissiale de Cortone et jeta les fondations de celle de Santa Margherita[3], pour les Frères de Saint-François, au point le plus élevé de la ville. Tant de travaux ajoutaient chaque jour à la renommée de Niccola ; aussi fut-il appelé, l’an 1257, par le pape Clément IV, à Viterbe, où, entre autres choses, il restaura l’église et le couvent des Dominicains. De Viterbe, il se rendit à Naples auprès du roi Charles Ier, qui, après la victoire de Tagliacozzo et la mort de Conradin, fit élever sur le champ de bataille une église et une abbaye magnifiques, où furent recueillis les ossements des nombreux guerriers tombés dans cette sanglante journée. De Naples, il retourna en Toscane et s’arrêta à Orvieto, où il travailla en compagnie de quelques maîtres allemands à l’église de Santa Maria, pour la façade antérieure de laquelle il sculpta plusieurs figures de marbre en ronde bosse, et particulièrement deux bas-reliefs du Jugement dernier représentant le Paradis et l’Enfer[4].

De même que dans le Paradis il s’efforça de donner la plus grande beauté qu’il put aux âmes des bienheureux retournés dans leurs corps respectifs, de même dans l’Enfer, il donna les formes les plus étranges que l’on puisse voir aux démons empressés à tourmenter les damnés. Dans cette œuvre, non seulement il laissa loin derrière lui les maîtres allemands qui travaillaient avec lui, mais encore il se surpassa lui-même pour sa plus grande gloire. Et, comme il exécuta un grand nombre de figures, et qu’il y éprouva une peine extrême, elle a été constamment

  1. Décret du 29 septembre 1266, Fra Melano, moine cistercien étant intendant de la fabrique. Niccola fut aidé par Arnolfo, Lapo, ses disciples, et probablement Giovanni, son fils.
  2. Mariscotti fut podestat en 1268 : en 1266, c’était Ranieri d’Andrea da Perugia qui était podestat.
  3. En 1297. Sur une pierre du Campanile on a lu : Nicolaus et Johannes.
  4. Le Dôme d’Orvieto fut commencé en 1290, et fini, après 1310, par Lorenzo Maitani de Sienne, architecte en chef jusqu’à sa mort arrivée en 1330. Le toit ne fut posé qu’en 1321. Niccola ne travailla donc pas à la façade.