Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/163

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Spina, on les lui confia, et Giovanni, aidé par ses élèves, amena les nombreux ornements de cet oratoire au point de perfection où on les voit aujourd’hui. Autant qu’on peut en juger, ce travail dut paraître merveilleux, d’autant plus que Giovanni avait reproduit dans une figure le portrait de son père, le mieux qu’il put. Ceci considéré, et après en avoir longuement délibéré antérieurement, les Pisans, désireux d’élever un cimetière pour tous les habitants de leur ville, tant nobles que plébéiens, soit pour ne pas encombrer leur Dôme de sépultures, soit pour toute autre raison, chargèrent Giovanni de l’entreprise du Campo Santo qui s’élève sur la place du Dôme, le long des murs. Il le fit avec un beau dessin et beaucoup de jugement, dans la forme, dans les dimensions et avec les ornements de marbre qu’on y voit à présent. Comme on ne regarda pas à la dépense, le toit fut fait en plomb ; à l’extérieur de la porte principale[1], on lit l’inscription suivante :

A. D. MCCLXXXVIII, tempore Domini Friderigi Archiepiscopi Pisani, et Domini Tarlati potestatis, operario Orlando Sardella lohannc magistro edificante

La même année, c’est à dire en 1283, Giovanni se rendit à Naples, où il construisit le Castel Nuovo pour le roi Charles. Pour augmenter ses dimensions, et le rendre plus fort, il fut forcé de jeter à terre nombre de maisons et d’églises, entre autres un couvent de Franciscains ; mais il fut reconstruit loin du château, plus grand et plus magnifique qu’auparavant, sous le nom de Santa Maria della Nuova. Lorsque ces constructions furent assez avancées, Giovanni quitta Naples pour revenir en Toscane, mais il fut forcé de s’arrêter à Sienne pour faire le modèle sur lequel on éleva depuis la magnifique façade de la cathédrale[2]. L’an 1286, l’évêque d’Arezzo, Guglielmo Ubertini, l’appela de Sienne à Arezzo, où l’on construisait l’évêché sur les dessins de Margaritone, architecte arétin. Il y sculpta en marbre la table du maître-autel, toute couverte de figures, de feuillages et d’autres ornements entaillés entre lesquels il répartit des pièces de mosaïque et d’émaux sur argent, habilement incrustés dans le marbre[3]. Au milieu se trouve la Vierge tenant son fils, entre le pape saint Grégoire représenté sous les traits d’Honorius IV, et San Donato, évêque et

  1. À gauche.
  2. Commencée bien avant cette époque.
  3. Attribution fausse, travail bien postérieur. Maestro Giov. di Francesco d’Arezzo et Maestro Betto Francesco da Firenze y travaillent en 1369.