Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/164

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protecteur de la ville. Le corps de cet évêque repose sous l’autel, avec ceux de sainte Antilla et de plusieurs autres saints. Et comme l’autel est isolé, les côtés sont couverts de petits bas-reliefs représentant des sujets de la vie de san Donato ; comme amortissement de toute l’œuvre, il y a quelques tabernacles renfermant des statuettes de marbre travaillées très finenlent. Sur la poitrine de la Vierge il y avait un chaton d’or qui, dit-on, renfermait des joyaux de grande valeur. Ils ont disparu depuis, au moment des guerres, avec d’autres objets précieux. Tout ce travail coûta trente mille florins d’or, si l’on en croit d’anciens écrits. Giovanni fit encore, dans la même église, la chapelle degli Ubertini et donna le dessin de l’église Santa Maria di Servi, aujourd’hui détruite.

Il se rendit ensuite à Florence pour voir les travaux qu’Arnolfo faisait à Santa Maria del Fiore, et pour connaître Giotto, dont il avait beaucoup entendu parler, mais il ne fut pas plus tôt arrivé que les fabriciens du Dôme lui donnèrent à faire la Madone entre deux petits anges, qui surmonte la porte allant au canonicat[1]. Il fit ensuite les fonts baptismaux de San Giovanni, où l’on voit quelques sujets en demi-relief tirés de la vie de ce saint. Étant allé ensuite à Bologne, il éleva la grande chapelle de l’église de San Domenico, dans laquelle il eut à faire l’autel en marbre pour Teodorico Borgognoni de Lucques, évêque et frère de cet ordre. Dans le même endroit, il fit ensuite, l’année 1298, le bas-relief de marbre sur lequel sont la Vierge et huit autres figures très remarquables[2].

L’an 1300, Niccola da Prato, cardinal légat, envoyé par le pape pour apaiser les dissentiments des Florentins, lui fit construire à Prato le couvent de religieuses, qui de son nom s’appelle San Niccola[3]. Dans cette même ville, il lui donna à restaurer le couvent de San Domenico, ainsi que celui de Pistoia[4]. Comme les habitants de Pistoia avaient en vénération le nom de Niccola, père de Giovanni, pour tout ce qu’il avait fait, avec ses talents, dans leur cité, ils donnèrent à faire à son fils Giovanni une chaire de marbre[5] pour l’église Sant’Andrea, semblable à celle que Niccola avait faite pour le dôme de Sienne, et concurremment à une chaire qui avait été faite peu de temps auparavant

  1. Encore en place.
  2. Ces différentes œuvres n’existent plus. Les fonts baptismaux de San Giovanni, à Florence, portent la date de 1370.
  3. Commencé en 1281 (non fini en 1322) par Fra Mazzetto, dominicain.
  4. Attributions douteuses.
  5. En place, achevée en 1301.