Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/167

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Depuis nombre d’années, se trouvait dans la vieille église paroissiale de Prato, sous l’autel de la grande chapelle, la ceinture de la Vierge que Michele da Prato, revenant de Terre Sainte, avait rapportée dans sa patrie l’an 1141, et remise à Uberto, prévôt de cette église. Celui-ci l’avait posée où l’on dit, et elle avait toujours été conservée en grande vénération, lorsque, en 1312, un homme de mauvaise vie de Prato voulut la voler ; mais, ayant été découvert, il fut mis à mort comme sacrilège. Les habitants de Prato, afin de prévenir une nouvelle tentative de ce genre, résolurent de construire un sanctuaire sûr et bien disposé. Ayant donc fait venir à Prato Giovanni déjà vieux, ils firent, d’après ses conseils, édifier la chapelle de la cathédrale où l’on conserve actuellement cette précieuse relique. Et, toujours sur ses dessins, ils agrandirent considérablement l’église, que l’on incrusta extérieurement, ainsi que le campanile, de marbres blancs et noirs[1]. Finalement, Giovanni, ayant atteint un âge avancé, mourut l’an 1320[2], après avoir encore fait quantité d’ouvrages de sculpture et d’architecture, dont nous n’avons pas parlé. Certes, nous lui devons beaucoup, ainsi qu’à son père, puisque, dans ces temps où le vrai dessin n’existait pas, et au milieu de tant de ténèbres, ils n’ont pas peu donné d’éclat aux arts, dans lesquels ils ont vraiment excellé. Giovanni fut honorablement enterré au Campo Santo de Pise, dans le même tombeau où précédemment Niccola, son père, avait été déposé[3].

  1. Les travaux d’agrandissement commencèrent en 1817 Le campanile fut terminé, après la mort de Giovanni, vers 1340, par Niccolo di Cecco del Mercia et par Sano, son disciple, tous deux sculpteurs et architectes siennois. On leur doit la chaire de la chapelle della Cintola, sculptée de 1354 à 1359.
  2. Certainement après 1328. Le tombeau d’Enrico Scrovegno, à l’Arena de Padoue, de cette époque, porte : Deo gratias : Opus Johannis Magistri Nicholi de Pisis. Les Siennois lui avaient préparé un tombeau, aujourd’hui sur la façade du palais archiépiscopal de Sienne. Inscription : HOC EST SEPULCRUM MAGISTRI JOHANNIS QUONDAM MAGISTRI NICOLAI ET DE EIUS EREDIBUS.
  3. Au sujet de la date de naissance et du lieu d’origine de Niccola. Dans l’inscription de la fontaine de Pérouse, faite sous le pontificat de Nicolas III (1277-1280), Niccola se dit âgé de 74 ans, ce qui donne 1205 ou 1207 pour la date de naissance. Quant au lieu d’origine, les documents des archives de Pistoia, tronqués par Ciampi, (Notizie de’ Belli Arredi), et rectifiés par Milanesi, donnent, à la date du 13 novembre 1273, la mention suivante : Magistro Nichole quondam Petri de cappella Saneti Blasii pisa… Il naquit vraisemblablement en Toscane, où se trouvent deux petits villages appelés Puglia ou Pulia (l’un près de Lucques, l’autre près d’Arezzo), ce qui corroborerait un contrat, fait à Sienne le 11 mai 1266, par lequel Fra Melano, fabricien du Dôme, le même qui, l’année précédente, avait commandé la chaire du Dôme à Niccola, requisivit Magistrum Nicholam Petri de Apulia, quod ipse facerel et curaret ita, quod Arnolfus discipulus suus statim veniret Senas ad laboorandum in dicto opere cum ipso magistro Nichola.