Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/171

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Gaddo, qu’Andrea Tafi prit avec lui pour terminer les mosaïques de San Giovanni, et avec lequel il apprit grandement, profita si bien qu’il fit ensuite tout seul les Prophètes[1] que l’on voit, à l’intérieur, dans les cadres placés sous les fenêtres, travaux qui le mirent en grande réputation. Après cela, devenu plus hardi et décidé à travailler seul, il s’appliqua à étudier la manière grecque, conjointement à celle de Cimabue, et étant rapidement passé maître dans cet art, il lui fut demandé, par les fabriciens de Santa Maria del Fiore, de remplir le cadre demi-circulaire qui est à l’intérieur et au-dessus de la porte principale, et dans lequel il représenta en mosaïque le Couronnement de la Vierge[2], Ce travail terminé fut regardé par tous les maitres florentins et étrangers comme le plus beau de tous ceux qui se trouvaient alors en Italie, tant pour le dessin que pour le goût et l’exécution. Le renom de cet ouvrage s’étant répandu au loin, Gaddo fut appelé à Rome, l’an 1308 (une année après l’incendie qui consuma l’église et les palais de Latran), par le pape Clément V, pour lequel il termina plusieurs mosaïques laissées inachevées par Fra Jacopo da Turrita. Il exécuta ensuite dans la basilique de Saint-Pierre quelques mosaïques, tant dans la grande chapelle que dans le reste de l’église, en particulier un Dieu le Père, entouré de plusieurs figures, sur la façade antérieure [3] ; il aida également à terminer quelques mosaïques qui sont sur la façade de Sainte-Marie-Majeure, pour lesquelles il améliora sa manière et quitta un peu celle des Grecs, qui n’avait réellement rien de bon en soi. De retour en Toscane, il fut employé par les Tarlati, seigneurs de Pietramala, à des mosaïques dans le Dôme vieux d’Arezzo, hors la ville[4]. Il alla ensuite à Pise et, dans le Dôme, au-dessus de la chapelle de l’Incoronata, il représenta, dans une niche, la Vierge montant au ciel, et, au-dessus, le Christ qui l’attend, assis sur un siège richement orné[5]. Ce travail fut exécuté avec tant de soin qu’il s’est parfaitement conservé jusqu’à nos jours. Puis il retourna à Florence avec l’intention de se reposer ; il s’amusait alors à composer, avec une patience et un goût incroyables, de petits tableaux en mosaïques faites avec des coquilles d’œufs[6]. On peut en voir encore maintenant quelques-unes à San Giovanni de Florence.

  1. Attribution douteuse.
  2. Attribution douteuse ; mosaïque bien conservée.
  3. Ces mosaïques n’existent plus.
  4. Démoli au XVIe sièclesiècle.
  5. Description inexacte. La Vierge est sur un trône, entourée d’anges.
  6. On en conserve un fragment, aux Offices, représentant le Sauveur tenant un livre.