Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/177

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manière des Grecs, et créa le beau style moderne, en y introduisant le portrait d’après des personnes vivantes, ce qui ne s’était pas fait depuis plus de deux cents ans ; ou plutôt, si quelqu’un l’avait tenté avant lui, personne n’avait réussi, de longtemps, aussi bien que Giotto. Entre autres portraits qu’il fit, on voit aujourd’hui, dans la chapelle du palais du Podestat, à Florence, celui de Dante Alighieri, son contemporain et grand ami, aussi illustre poète que Giotto fut peintre. Dans la même chapelle, il y a également, de sa main, les portraits de Ser Brunetto Latini, maître de Dante, et de Messer Corso Donati, grand citoyen de cette époque[1].

Il exécuta ses premières peintures dans la chapelle du maître-autel de la Badia[2], à Florence, et y représenta, entre autres belles choses, une Annonciation de la Vierge. Il y exprima avec une grande vérité la peur et l’émotion que l’archange Gabriel causa, en la saluant, à la Vierge Marie, qui paraît être remplie de crainte et vouloir, pour ainsi, se mettre en fuite. Pareillement de la main de Giotto est le tableau du maître-autel de la même chapelle : on l’a jusqu’à maintenant tenu en grande estime et il en est encore de même, plus par un certain respect pour l’œuvre d’un tel homme que pour autre chose[3]. À Santa Croce, il peignit quatre chapelles[4], trois entre la sacristie et le chœur, une de l’autre côté. Dans la première, qui appartient à Messer Ridolfo de’Bardi[5], où sont les cordes des cloches, il représenta la vie de saint François, et, dans la scène de la mort du saint, on voit un certain nombre de frères en pleurs, qui montrent remarquablement leur douleur. Dans la deuxième, qui est à la famille Peruzzi[6], sont deux épisodes de la vie de saint Jean-Baptiste, à qui est dédiée la chapelle. On y voit représentées avec beaucoup de naturel la danse d’Hérodiade et la promptitude des domestiques qui servent la table. Dans cette même chapelle, sont encore deux histoires merveilleuses de saint Jean Evangéliste, à savoir quand il ressuscite Drusiana et quand il est enlevé au ciel. La troisième chapelle, qui est celle des Giugni[7] et qui est dédiée aux Apôtres, représente le martyre de plusieurs d’entre eux.

  1. Ces trois portraits existent encore dans la fresque au-dessus de la place de l’autel.
  2. Peintures détruites.
  3. Tableau inconnu et perdu. Milanesi croit qu’il s’agit de l’Annonciation due à Lorenzo Monaco et qui est à l’Académie des Beaux-Arts.
  4. Deux existent encore.
  5. Peintures conservées.
  6. Ibid.
  7. Peintures détruites.