Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/178

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Dans la quatrième, de l’autre côté de l’église, vers le nord, appartenant aux Tosinghi et aux Spinelli[1], et qui est dédiée à l’Assomption de la Vierge, Giotto peignit la Nativité, le Mariage de la Vierge, l’Annonciation, l’Adoration des Mages et la Présentation de Jésus au temple. Enfin on voit, dans la même chapelle, la Vierge expirant au milieu des apôtres et d’une foule d’anges armés de torches. Dans cette même église, la chapelle Baroncelli renferme un tableau à détrempe de Giotto, d’une exécution parfaite, et représentant le Couronnement de la Vierge, avec un grand nombre de figures de petites dimensions et des chœurs d’anges et de saints[2] ; comme il y écrivit son nom et le millésime en lettres d’or, tous les artistes qui considéreront en quel temps Giotto, sans avoir sous les yeux aucune œuvre de bon style, donna naissance à la bonne manière de dessiner et de peindre, seront forcés de le tenir en haute estime. Dans la même église de Santa Croce, il y a encore de sa main, au-dessus du tombeau en marbre de Carlo Marzuppini d’Arezzo, un Christ en croix, entre la Vierge et saint Jean, avec Madeleine au pied de la croix ; de l’autre côté de l’église, face à ce tombeau et au-dessus de celui de Lionardo Aretino, il y a, du côté du maître-autel, une Annonciation qui a été repeinte par des maîtres modernes, avec peu de jugement de la part de celui qui a fait faire ce travail[3]. Il fit également, dans le réfectoire, une Cène[4] et différents traits de la vie de saint Louis sur un arbre de la croix ; sur les armoires de la sacristie, des petits sujets tirés de la vie de Jésus-Christ et de celle de saint François[5].

Dans la chapelle de Saint-Jean-Baptiste de l’église del Carmine[6], il représenta toute la vie de ce saint en plusieurs compartiments et, dans le palais du Parti Guelfe, une histoire de la foi chrétienne peinte à fresque, dans laquelle il introduisit le portrait de Clément IV qui créa cette magistrature[7]. Bientôt après, se rendant à Assise pour achever les œuvres commencées par Cimabue, il passa à Arezzo et peignit,

  1. La chapelle, passée au blanc, a été repeinte en 1837 par Martellini.
  2. Existe encore, signé, sans date, opus magistri jocti. On suppose que Giotto fit les peintures de Santa Croce entre 1299 et 1303.
  3. Ces deux peintures ont été détruites.
  4. Attribuée actuellement à Taddeo Gaddi.
  5. Vingt deux sont actuellement à l’Académie des Beaux-Arts de Florence, deux à Berlin, deux à Munich.
  6. Les peintures du Carmine furent détruites par l’incendie de 1771 ; il en reste quelques fragments en Angleterre et dans la chapelle Ammanati du Campo Santo, à Pise. Mais elles n’étaient pas de Giotto, ayant été commandées en 1348-1350 par Vanni Manetti.
  7. Les peintures du palais des Guelfes n’existent plus.