Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/186

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lecture à des frères[1]. De là, il retourna à Ravenne et peignit dans une chapelle de l’église San Giovanni Evangelista des fresques très estimées[2] ; puis il revint à Florence avec grand renom et non moins de richesses et y fit en détrempe le crucifix de bois sur fond d’or, plus grand que nature, qui est à San Marco, à droite en entrant[3]. Celui de Santa Maria Novella est aussi de lui ; Puccio Capanna, son élève, y travailla avec lui, et il est toujours sur la porte principale[4], à main droite en entrant, au-dessus du tombeau des Gaddi. Dans la même église, il fit, sur la cloison transverse, un saint Louis, pour Paolo di Lotto Ardinghelli, qui est représenté à ses pieds avec sa femme[5].

L’année 1327, Guido Tarlati da Pietramala, évêque et seigneur d’Arezzo, étant mort, à Massa di Maremma, en revenant de Lucques, où il était allé rendre visite à l’Empereur, son corps fut porté à Arezzo et on lui fit les honneurs d’un apparat mortuaire considérable. Piero Saccone et Dolfo da Pietramala, frères del’évêque, décidèrent alors de lui élever un tombeau en marbre, digne de la grandeur d’un tel homme, qui avait été seigneur spirituel et temporel, ainsi que chef du parti gibelin en Toscane. Ils écrivirent donc à Giotto, lui demandant le dessin d’un tombeau, aussi riche et aussi orné qu’il fût possible, et lui envoyèrent les dimensions. Ils le priaient ensuite de leur procurer un sculpteur, le meilleur à son avis de tous ceux qui étaient en Italie, s’en remettant entièrement à son jugement. Giotto, qui était plein de courtoisie, dressa un dessin et le leur envoya : c’est suivant ce dessin que le tombeau fut exécuté, comme on le dira en son lieu[6].

Il peignit pour les frères Umiliati d’Ognissanti, à Florence, une chapelle et quatre tableaux, entre autres une vierge tenant son fils et entourée d’anges, plus un grand crucifix sur bois, dont Puccio Capanna prit le dessin et fit de nombreuses copies qu’il répandit par toute l’Italie[7], car il avait une grande habitude de la manière de Giotto. Quand ce livre fut imprimé pour la première fois, il y avait sur la cloison transverse de cette église un petit tableau à détrempe, exécuté

  1. Peinture détruite.
  2. On voit encore maintenant sur la voûte de cette chapelle les quatre évangélistes et les quatre docteurs de l’Église.
  3. Actuellement au-dessus de la porte principale de l’église.
  4. Ce crucifix est toujours en place.
  5. Cette peinture a disparu avec la cloison.
  6. Voir la Vie d’Agostino et d’Agnolo.
  7. Il ne reste des peintures de Giotto à Ognissanti que le crucifix actuellement dans la chapelle Gondi Dini. Le tableau de la Vierge a été transporté à l’Académie des Beaux-Arts.