Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/191

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Peu après, ils furent appelés à Orvieto [1] par l’entremise des Tolomei, qui y étaient exilés, pour faire quelques sculptures à l’église Santa Maria. Ils y firent en marbre quelques prophètes qui sont certainement les meilleures figures et les mieux proportionnées de toutes celles qu’on voit sur cette façade si renommée.

Or, il arriva, l’an 1326, que Giotto, comme nous l’avons dit dans sa vie, fut appelé à Naples, par l’entremise de Charles, duc de Calabre, qui se trouvait alors à Florence ; il devait faire, pour le compte du roi Robert, diverses peintures à Santa Chiara et dans d’autres endroits. Giotto, passant par Orvieto, s’y arrêta pour examiner minutieusement les œuvres que tant de maîtres y avaient accomplies, ou étaient en train d’accomplir. Comme les prophètes d’Agnolo et d’Agostino lui plurent infiniment plus que les autres sculptures, non seulement il leur donna de grandes louanges et accorda son amitié aux deux artistes, à leur grand contentement mais encore il les recommanda à Piero Sacconeda Pietramala, comme les hommes les plus capables d’exécuter, d’après ses dessins, le tombeau de Guido Tarlati, évêque et seigneur d’Arezzo[2]. Agostino et Agnolo achevèrent en trois ans [3] ce tombeau qui fut placé dans la chapelle del Sagramento[4], dans l’évêché d’Arezzo. Sur le cercueil qui est posé sur des consoles remarquablement sculptées, est étendu le corps de l’évôque, et de chaque côté se tiennent des anges qui soulèvent des rideaux d’une manière très naturelle. Douze bas-reliefs[5] couverts d’une multitude de petites figures représentent les principaux actes de sa vie. Ce tombeau offre plus d’art et d’invention, ainsi qu’une plus belle exécution, qu’aucune autre œuvre faite jusqu’alors ; c’est une merveille de voir le grand nombre et la variété des hommes, des chevaux, des paysages et des autres

  1. Agostino et Giovanni, son fils, sont seuls cités dans les documents (pour la première fois en 1339). Il n’est pas fait mention d’Agnolo.
  2. Mort en 1327.
  3. 1327-1330.
  4. Actuellement à côté de la porte de la sacristie.
  5. Il y en a seize et non pas douze. Nous rétablissons ici la description de ces sujets que Vasari donnait inexactement : 1° l’évéque Tarlali prend possession du palais archiépiscopal, 1312. — 2° Est élu général des Arétins, 1322. — 3° La commune d’Arezzo, personnifiée par un vieillard, est en butte aux outrages de divers personnages. — 4° Intronisation de Tarlati. — 5° Reconstruction des murs de la cité. — 6° Prise de Lusignano en 1316. — 7° Prise de Rocca di Chiusi. — 8° Prise de Fronzola. — 9° Réception sous les murs de Focognano d’une députation de prisonniers. — 10° Prise de Castello de Rondine. — 11° Prise de Buine, dans le Val d’Ambra. — 12° Prise de Caprera. — 13° et 14° Tarlati détruit les châteaux de Laterina et de Monte San Savino. — 15° Il couronne l’empereur Louis de Bavière à Milan en 1327. — 16° Il meurt au château de Montenero, dans les Maremmes.