Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/195

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un saint Thomas d’Aquin, à côté d’une porte, et y ajouta un Christ en croix qui fut depuis gâté par d’autres peintres chargés de le restaurer[1]. Il commença également à peindre une chapelle de l’église qu’il ne termina pas et qui est très altérée par le temps[2] ; on y voit la chute des anges rebelles causée par l’orgueil de Lucifer ; plusieurs figures, qui offrent des raccourcis de bras, de torse et de jambes, beaucoup mieux réussis que ceux qu’on avait faits jusqu’alors, nous prouvent que Stefano cherchait à surmonter ces difficultés qui ne sont plus qu’un jeu pour les artistes d’à présent, plus instruits dans la partie. Aussi fut-il appelé par les autres peintres le singe de la nature.

Quelque temps après, étant allé à Milan, il commença plusieurs ouvrages pour Matteo Visconti, mais ne put les terminer, car, le changement d’air l’ayant rendu malade, il fut forcé de retourner à Florence où il peignit à fresque, étant revenu à la santé, sur la cloison transverse de l’église de Santa Croce, dans la chapelle degli Asini, le martyre de saint Marc, avec quantité de figures assez remarquables[3]. Sa qualité d’élève de Giotto l’ayant fait ensuite appeler à Rome, il peignit à fresque, dans la grande chapelle de l’église Saint-Pierre qui renferme l’autel du saint, plusieurs sujets tirés de la vie du Christ, entre les fenêtres de la grande niche. Il fit ensuite, dans l’église d’Aracoeli, sur un pilastre, à côté de la grande chapelle et à main gauche, un saint Louis à fresque, qui est très loué et il y montra tant d’habileté qu’il se rapprocha beaucoup de la manière moderne, et qu’à mon avis, il dessinait bien mieux que Giotto[4].

Étant allé après à Assise, il commença une Gloire céleste[5], dans le fond de la grande chapelle de l’église inférieure de San Francesco, et la laissa également inachevée, ayant été forcé de revenir à Florence pour quelques affliires d’importance. Là, pour ne pas perdre de temps, il peignit, à la demande des Gianfigliazzi, sur le bord de l’Arno, entre leurs maisons et le Ponte alla Carraia, un petit tabernacle sur lequel il représenta une Vierge qui coud et à laquelle un enfant vêtu et assis tend un oiseau. Ce travail, bien que de petites dimensions, mérite autant d’être loué que ses œuvres plus grandes et plus magistralement exécutées[6].

  1. Existe encore sur la porte du passage ; le saint Thomas est dans une lunette, au-dessus de la porte de l’ancienne chapelle de Saint-Thomas.
  2. N’existe plus.
  3. Peinture détruite, la cloison ayant été supprimée.
  4. Il ne reste plus rien de ses peintures à Rome.
  5. Cette fresque n’existe plus.
  6. Ce tabernacle fut détruit, lorsqu’on construisit le palais Corsini.