Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/198

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de beauté et de simplicité dans la disposition des draperies que de majesté dans le port des têtes et d’admirable ordonnance dans le groupement des figures. Pendant qu’il travaillait à cette œuvre, par laquelle il introduisit la bonne manière de peindre à Sienne, montrant ainsi la voie à tous ces beaux génies qui ont fleuri dans sa patrie de tout temps, il fut appelé à Monte Oliveto di Chiusuri, où il peignit un tableau en détrempe[1], qui est aujourd’hui dans le local appelé le Paradis, sous l’église. Il peignit après à Florence, face à la porte de gauche de l’église Santo Spirito, au coin où habite aujourd’hui un boucher, un tabernacle[2], qui, pour la délicatesse des têtes et pour la douceur de l’ensemble, mérite d’être hautement loué par tout artiste qui s’y entend. Étant ensuite allé à Pise, il représenta au Campo Santo, sur la paroi qui est à côté de la porte principale, toute la vie des saints Pères[3], avec des sentiments si vivement rendus, et de si belles attitudes qu’il égala Giotto, et en retira un grand renom, ayant exprimé, dans quelques têtes, par le coloris et le dessin, toute l’énergie dont était capable la manière de peindre de ces temps-là.

De Pise, il se rendit à Pistoia et fit à San Francesco un tableau à détrempe représentant la Vierge entourée d’anges d’une belle venue ; la prédelle qui forme la partie inférieure de ce tableau renferme quelques sujets remplis de petites figures si promptes et si vives que ce fut une merveille pour l’époque[4]. Aussi, pour sa satisfaction et celle des autres, voulut-il y mettre son nom de la manière suivante :

PETRUS LAURATI DE SENIS[5]

L’an 1355[6], il fut appelé à Arezzo par Messer Guglielmo, archiprêtre, et par les fabriciens de l’église paroissiale, qui étaient alors Margarito Boschi et autres, pour travailler dans cette église, qui avait été élevée sur un plan et une disposition infiniment meilleurs que tout ce qu’on avait fait jusqu’alors en Toscane, et que Margaritone, comme on l’a dit, avait ornée de pierres de taille et d’ornements sculptés Il y peignit à fresque la tribune et toute la grande niche de la chapelle du maître-autel, y représentant douze sujets tirés de la vie de la Vierge,

  1. Ce tableau est perdu.
  2. Cette peinture n’existe plus.
  3. Ces fresques existent encore ; attribuées également à Antonio Veneziano.
  4. Actuellement aux Offices ; la prédelle a disparu.
  5. Inexact. L’inscription est : (en lettres majuscules) Petrus Laurentii de Senis me pinxit anno Domini MCCCXL.
  6. En 1345.