Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/205

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qu’il leur joua, ainsi qu’à son maître. Ses productions, répandues dans toute la Toscane, témoignent qu’il avait beaucoup de jugement dans son art.

Étant devenu bon peintre assez rapidement, il quitta Tafi pour travailler tout seul, et les travaux ne lui manquèrent pas. Un de ses premiers à Florence est dans le monastère des religieuses de Faenza, qui s’élevait sur l’emplacement actuel de la citadelle. Toute l’église est peinte de sa main, et, entre autres sujets tirés de la vie du Christ, on y voit le Massacre des Innocents, composition pleine d’une énergique vérité.

Cette œuvre terminée, il peignit dans la Badia de Settimo et dans la chapelle du cloître dédiée à saint Jacques, quelques épisodes de la vie de ce saint[1]; sur la voûte, il représenta les quatre patriarches et les quatre évangélistes, parmi lesquels il faut remarquer saint Luc soufflant dans sa plume pour la rendre plus nette. Pour donner plus de relief à ses carnations, Buffalmacco avait coutume de peindre entièrement le fond en laque violette, qui, avec le temps, produit un sel qui ronge et mange le blanc et les autres couleurs. Il n’est donc pas étonnant que les peintures susdites soient presque consumées, tandis que beaucoup d’autres plus anciennes se sont parfaitement conservées.

Il fit ensuite, pour la Certosa de Florence, deux tableaux en détrempe[2], dont l’un est dans le chœur et l’autre dans les vieilles chapelles qui sont au-dessous. Dans la Badia de Florence, il peignit à fresque la chapelle des Giochi et Bastari, à côté du chœur, qui fut ensuite cédée à la famille Boscoli. Ces peintures[3] ont duré jusqu’à maintenant et représentent la Passion du Christ. Il suffit de les voir pour se rendre compte que le facétieux Buffalmacco ne se montrait inférieur à aucun des peintres de son temps, lorsqu’il voulait se donner de la peine, ce qui, du reste, lui arrivait rarement. On peut en dire autant de ses fresques du cimetière d’Ognissanti[4], qui représentent la Nativité de Jésus et l’Adoration des Mages, et qui ont été si bien faites qu’elles ont résisté jusqu’à présent aux intempéries. À Bologne, où il se rendit ensuite, il peignit à fresque la voûte de la chapelle des Bolognini[5], à San Petronio, qu’il laissa inachevée, je ne sais pourquoi.

  1. Peintures détruites.
  2. Peintures perdues.
  3. Détruites à la réfection du chœur en 1591.
  4. N’existent plus.
  5. Attribution fausse, San Petronio n’ayant été commsncé qu’en 1390 ; un document de 1408 atteste qu’à cette date il n’y avait aucune fresque dans la chapelle des Bolognini.