Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/226

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enfant devant une porte, surmonte l’image de Donato l’écrivain. Vient ensuite la Rhétorique ; à ses pieds, un personnage a les deux mains appuyées sur des livres, tandis que de son manteau il tire une troisième main et l’approche de la bouche. La logique tient en main un serpent caché sous un voile, et est accompagnée de Zénon d’Élée qui lit un livre. L’Arithmétique tient les tables de l’abaque, et sous elle est assis Abraham, l’inventeur de cette science. Sous la Musique, entourée de divers instruments, est assis Tubalcaïn, qui frappe avec deux marteaux sur une enclume et paraît se complaire au bruit qui en sort. La Géométrie, reconnaissable à son équerre et à ses compas, est au-dessus d’Euclide, et l’Astrologie, tenant une sphère céleste au-dessus d’Atlante.

De l’autre côté sont assises les sept sciences théologiques, et chacune est accompagnée de l’état ou de la condition qui lui est le plus en rapport, pape, empereur, rois, cardinaux, ducs, évêques, marquis et autres ; le pape n’est autre que Clément V. Au milieu et sur le point le plus élevé, entre ces deux groupes de sciences, est saint Thomas d’Aquin, qui les posséda toutes ; il foule aux pieds quelques hérétiques, Arius, Sabellius, Averrhoès, et il est entouré par Moïse, saint Paul, saint Jean l’évangéliste et d’autres saints surmontés par les quatre vertus cardinales et les trois théologales. Cette fresque renferme encore d’autres considérations exprimées par Taddeo avec autant de grâce que de dessin ; aussi peut-on la regarder comme son œuvre la mieux comprise, et celle qui s’est le mieux conservée.

Sur la cloison transverse de la même église, il peignit encore un saint Jérôme sous les habits d’un cardinal [1] ; il portait une grande dévotion à ce saint qu’il avait choisi comme protecteur de sa maison. Après sa mort, son fils Agnolo fit élever sous cette peinture un tombeau de famille, couvert d’une plaque en marbre aux armes des Gaddi.

Finalement, Taddeo, étant parvenu à l’âge de 50 ans, succomba à une fièvre violente, l’an 1350 [2]. En mourant, il chargea Jacopo di Casentino de veiller sur l’éducation de ses deux fils. Agnolo et Giovanni, qui durent apprendre la peinture sous la direction de Giovanni da Milano.

Taddeo suivit continuellement la manière de Giotto, mais il ne la

  1. Cette peinture n’existe plus, de même que le tombeau des Gaddi.
  2. L’an 1366. Cette année-là, il est fait mention de lui pour la dernière fois le 29 août ; et à la fin de l’année sa femme, Francesca d’Albizzo Ormanni est appelée veuve, dans un acte public. Il avait 66 ans environ.