Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/228

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église, Andrea peignit, également à fresque, et en compagnie de son frère Bernardo, la chapelle Strozzi[1], celle qui est près de la sacristie et des cloches. Dans cette chapelle, où l’on monte par un escalier de pierre, il représenta sur une des parois la gloire du Paradis avec tous les saints revêtus des costumes du temps, et en face l’Enfer, divisé en cercles et en fosses, tel que l’a décrit Dante, auteur dont Andrea était lecteur fervent. Dans l’église des Servi, il peignit à fresque, toujours avec Bernardo, la chapelle de la famille des Cresci[2] ; à San Pier Maggiore, un tableau de grandes dimensions représentant le couronnement de la Vierge[3], et à San Romeo, un tableau près de la porte latérale[4]. Les deux frères peignirent également à fresque la façade extérieure de Santo Apollinare[5], avec tant de soin que les couleurs, dans cet endroit découvert, sont restées vives et admirablement conservées.

La renommée de ces œuvres fut telle que les magistrats de la ville de Pise l’appelèrent dans leur ville, pour exécuter, sur une paroi du Campo Santo, des fresques analogues à celle que Giotto et Buffalmacco y avaient faites. Andrea, s’étant donc mis à l’œuvre, peignit un jugement dernier[6] plein de compositions originales, dans la partie qui lui était réservée sur le mur qui est du côté du Dôme et à côté de la Passion du Christ, œuvre de Buffalmacco. La première histoire qui est dans le coin représente le Triomphe de la Mort. On y voit des seigneurs figurant les différents degrés de noblesse se livrer aux plaisirs de ce monde, assis dans un pré fleuri et à l’ombre d’orangers qui forment un agréable bosquet, et sur les rameaux desquels se trouvent quelques amours. D’autres amours volent autour et décochent leurs flèches contre les cœurs de quelques jeunes femmes, dont on voit bien que les traits sont copiés d’après de grandes dames du temps, actuellement totalement inconnues. À côté d’elles, des jeunes gens et des seigneurs sont assis ou debout, écoutant le son des instruments ou les chants, et regardant les danses joyeuses de jeunes gens et de jeunes filles qui jouissent doucement de leurs amours. Parmi ces personnages, Orcagna introduisit le portrait de Castracelo, seigneur de Lucques, qui de son vivant fut un jeune homme d’un admirable visage ; il est

  1. Ces peintures existent encore.
  2. Peintures détruites.
  3. Actuellement à la Galerie Nationale de Londres.
  4. Tableau inconnu.
  5. L’église ayant été démolie, ces peintures n’existent plus.
  6. Ces fresques existent encore, mais leur attribution à Orcagna est universellement rejetée.