Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/231

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paroi à main droite, ses compositions du Campo Santo, en trois panneaux semblables, à l’exception cependant de la scène de San Macario et de la vie des ermites retirés sur la montagne. Outre Bernardo, Andrea avait un autre frère, appelé Jacopo[1], qui s’occupait de sculpture, mais avec peu de succès, et, comme Andrea faisait quelquefois pour lui des dessins ou des maquettes en terre, il lui vint un jour l’idée de faire quelque œuvre en marbre, pour voir s’il se rappellerait les principes de cet art, qu’il avait autrefois pratiqué à Pise. Il fit un essai, puis un autre, et obtint ainsi des résultats qu’il sut mettre à profit plus tard, comme nous le dirons. De plus, il s’adonna de toutes ses forces à des études d’architecture, pensant qu’il pourrait en tirer parti. Il ne se trompa point, car l’an 1355, la commune de Florence ayant acheté, près du palais de la Seigneurie, quelques maisons bourgeoises pour agrandir la place et élever un endroit couvert où les citoyens pourraient, en hiver et en cas de pluie, s’abriter et s’occuper à tout ce qu’ils faisaient au dehors, sur le parvis quand le mauvais temps ne les en empêchait pas, se fit présenter de nombreux dessins pour une grande et magnifique Loggia[2], voisine du palais, en même temps que pour le bâtiment de la Zecca, où l’on frappe les monnaies[3]. Parmi les dessins présentés par les meilleurs maîtres de la ville, celui de l’Orcagna fut universellement proclamé le meilleur, le plus beau et comme tel accepté. Par ordre donc de la Seigneurie et de la commune, on commença sous sa direction la grande Loggia de la place[4], qui fut établie sur d’anciennes fondations remontant au temps de la tyrannie du duc d’Athènes, et dont la construction se poursuivit rapidement, en pierres de taille remarquablement appareillées. Et, ce qui fut chose nouvelle à cette époque, au lieu de faire les voûtes en arcs de quart point comme c’avait été l’usage jusqu’alors, Andrea adopta le demi-cintre, forme remarquable par sa grâce et sa beauté, et dans laquelle il acheva rapidement sa construction. Si l’on avait eu la considération de l’appuyer contre l’église San Romolo, et de tourner les voûtes du côté du sud (ce que l’on ne fit peut-être pas, pour ne pas nuire à l’entrée du palais de la Seigneurie), elle serait une construction aussi utile que belle ; mais les grands vents la rendent inhabitable en hiver. Entre les

  1. Lire Matteo ; Jacopo fut peintre.
  2. Décret du Grand Conseil du 21 novembre 1356.
  3. Construite en 1361.
  4. Actuellement la Loggia de’Lanzi ; les travaux ne commencèrent qu’en 1376, sous la direction de Benci di Cione, mort en 1388, et de Simone di Francesco Talenti.