Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/255

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honorables citoyens, qui s’étaient réunis pour rassembler des aumônes au profit des pauvres honteux et subvenir à leurs besoins, acquirent un tel crédit, l’année de la peste de 1348, en secourant les pauvres et les malades, en ensevelissant les morts et en faisant d’autres œuvres de charité, que leur confrérie se trouva posséder par legs, donations et testaments, le tiers de la fortune d’Arezzo ; pareille chose arriva pendant la grande peste de 1383, Spinello, qui faisait partie de la confrérie, risqua sa vie à visiter les pestiférés, enterrer les morts et rendre d’autres pieux services habituels aux membres de pareilles sociétés, et pour conserver la mémoire de ces événements, représenta sur la façade de l’église San Laurentino e San Pergentino, la Vierge abritant sous son manteau le peuple d’Arezzo[1]. Dans cette composition sont peints nombre d’hommes appartenant à la confrérie munis de la besace et du maillet, avec lesquels ils vont quêter et frapper aux portes pour recueillir les aumônes. Pareillement, dans la compagnie della Nunziata, il peignit le grand tabernacle[2] qui est hors de l’église, une partie d’un portique qui est en face, et le tableau en détrempe de cette compagnie qui représente une Annonciation[3]. On lui doit aussi le tableau qui est aujourd’hui dans l’église des religieuses de San Giusto, sur lequel un petit Jésus, tenu par sa mère, épouse sainte Catherine ; il contient en outre six petits sujets tirés de la vie de cette sainte[4].

L’an 1361, appelé à la fameuse abbaye des Camaldules, dans le Casentino, il peignit pour les moines le tableau du maître-autel, qui fut remplacé en 1539, par une peinture de Giorgio Vasari. De là, Spinello se rendit à Florence, à la requête de don Jacopo d’Arezzo, abbé de San Miniato al Monte, de l’ordre de Monte Oliveto. Outre le tableau en détrempe de l’autel[5], il peignit, dans cette église, sur la voûte et sur les quatre murs de la sacristie, plusieurs fresques relatives à la vie de saint Benoît[6], on y remarque une grande habileté professionnelle et une vivacité de couleurs qu’il devait à ses longues études, à sa patience et à un labeur continuel. Bientôt après, l’abbé

  1. Cette peinture fut détruite dans la réfection de l’église, au commencement du siècle dernier.
  2. Existe encore.
  3. Peintures perdues.
  4. Ibid.
  5. Existe encore ; attribution douteuse.
  6. Ces fresques existent encore ; commandées à Spinello par Messer Benedetto degli Alberti. Elles n’étaient pas terminées en 1387 ; car il en parle, à cette date, dans son testament.