Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/259

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Ephèse à cheval la bannière de la foi, ornée d’une croix blanche sur fond rouge, qui est devenue ensuite celle des Pisans, saint Éphèse ayant demandé à Dieu de lui donner une enseigne à porter contre les ennemis. Dans le compartiment suivant s’engage une terrible bataille entre le saint et les païens ; plusieurs anges armés combattent pour lui assurer la victoire. Dans cette composition. Spinello rendit l’expression des passions d’une manière surprenante pour ce temps, où la peinture n’avait encore ni force ni aucun autre moyen pour rendre avec des couleurs les mouvements de l’âme. Entre autres choses, on remarque deux soldats ; chacun tient son adversaire par la barbe et cherche, avec l’autre main qui tient l’épée, à lui enlever la vie. Leurs visages et leurs moindres mouvements expriment énergiquement le courage qui les anime l’un et l’autre, et l’envie qu’ils ont de rester victorieux. Et parmi ceux qui combattent à cheval, un cavalier avec sa lance cloue cà terre la tête de son ennemi tombé à la renverse de son cheval qui s’agite, épouvanté. Un autre compartiment représente saint Ephèse devant l’empereur Dioclétien, qui l’interroge sur sa foi et le fait livrer aux tourments. Le saint est jeté dans une fournaise dont les fl, immes le respectent et consument les ministres de l’empereur, bien qu’ils fuient de toutes parts ; enfin on voit toutes les actions de ce bienheureux, jusqu’à sa décollation, après laquelle son âme est portée aux cieux. La translation des os et reliques de saint Pothin, d’Alexandrie[1] à Pise, ferme cette série de tableaux qui, pour le coloris et l’invention, est regardée comme l’œuvre la plus belle, la plus finie et la plus suivie de Spinello. Chacun peut s’en rendre compte, car elle est très bien conservée, et admirer son entière fraîcheur. Ses travaux du Campo Santo terminés. Spinello peignit à San Francesco[2], dans la deuxième chapelle, à côté de la principale, différents sujets des vies de saint Barthélémy, saint André, saint Jacques et saint Jean, apôtres, et peut-être serait-il resté plus longtemps à travailler à Pise, où ses œuvres étaient appréciées et récompensées, mais voyant la ville soulevée et agitée, par suite de l’assassinat de Messer Pietro Gambacorti par les Lanfranchi[3], et étant déjà vieux, il retourna avec sa famille à Florence. Pendant l’année qu’il y resta, il peignit, à Santa Croce, dans la chapelle des Machiavelli, quelques sujets tirés de la vie et de

  1. Lire : de Sardaigne.
  2. Eglise supprimée et transformée en Musée Civique. Le peintures de Spinello n’existent plus.
  3. En 1392.